Affichage des articles dont le libellé est ituri. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est ituri. Afficher tous les articles

jeudi 26 juin 2025

Est de la République Démocratique du Congo, qui paiera la facture ?


L’accord provisoire en vue de la fin des combats dans le Kivu et l’Ituri a été enfin signé à Washington le 27 juin par les ministres des Affaires étrangères du Rwanda et de la République Démocratique du Congo sous l’égide des États-Unis. Certes, ce projet comprend des « dispositions sur le respect de l’intégrité territoriale et l’interdiction des hostilités, le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques ». Qu’en serait-il, néanmoins, des actes relatifs aux violations graves des droits fondamentaux de la personne, ainsi qu’aux millions de vies humaines fauchées pour des raisons expansionnistes et mercantiles ? Il serait incompréhensible de faire abstraction des sanctions appropriées, s’agissant des crimes de guerre et crimes contre l’humanité cyniquement commis à l’encontre des populations congolaises.

Un conflit économique et foncier

La guerre, qui depuis une trentaine d’années déstabilise le Kivu et l’Ituri, tire son fondement des raisons d’ordre économique et foncier. Le cruel stratagème sur lequel elle s’appuie fait abstraction du respect des prérogatives d’un pays souverain, foulant ainsi aux pieds un bon nombre de rapports d’experts et résolutions onusiennes qui ont dénoncé et condamné l’agression dont est victime la RDC. Pis encore, le Rwanda et l’Ouganda comptent s’agrandir au détriment de leur grand voisin tandis que leurs soutiens non continentaux espèrent pouvoir continuer de faire main basse sur les minerais dont regorge le sous-sol congolais.

Les différents rapports et résolutions

La résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies adoptée à l’unanimité le 21 février 2025 recommande le retrait des forces rwandaises du territoire congolais et la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Quant à l’accord-cadre pour la paix, la sécurité pour la République Démocratique du Congo ratifié à Addis-Abeba le 24 mars 2013, il préconise dans son article 5 la non-ingérence dans les affaires intérieures des États voisins et recommande aucune tolérance ou soutien quelconque à des troupes armées. Enfin, publié en 2010, le projet Mapping du Haut Conseil des Nations Unies sur les violations des droits de l’Homme commises en territoire congolais entre 1993 et 2003 a relevé plus de 617 violences et crimes avérés.

Que faire ?

Face à la dramatique situation en cours dans l’Est de la RDC, les constats évoqués supra devraient en principe inciter à l’application de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi qu’à celle de l’article 5 de l’accord-cadre d’Addis-Abeba quant aux sanctions idoines. Primo, il faudrait exiger le retrait sans condition des troupes rwandaises du territoire congolais. Secundo, on devrait mettre en place une Brigade d’intervention rapide non régionale, sous l’observation des forces armées congolaises en vue de la neutralisation des éléments des FDLR – la finalité étant leur renvoi à Kigali ou dans un pays d’exil non frontalier du Rwanda.

La paix régionale

La politique militariste du président Kagamé n’augure guère une paix durable en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs africains. Par conséquent, il serait logique de démilitariser le Rwanda pour une durée d’une trentaine d’années en garantissant toutefois sa protection par une force interafricaine. Il faudrait prévoir aussi des élections démocratiques afin d’éviter des frustrations sociales. Comme moyen de dissuasion contre une possible intention belliqueuse, les auteurs des crimes de guerre et crimes contre l’humaine devraient faire l’objet des sanctions judiciaires par la cour internationale de justice et la cour pénale internationale. Enfin, les éléments de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) et du M23 devraient être concernés par le désarmement, la démobilisation et le cantonnement, les citoyens congolais devant relever des lois nationales et les étrangers dépendre des décisions de la justice transitionnelle dans le cadre d’une cour pénale pour la RDC.

Un Congo viable et vivable

Un vieux proverbe bantou recommande de confier son troupeau à un berger, quand bien même il bénéficie de la protection du bon Dieu. Le potentiel économique de la RDC, ayons à l’esprit ce paramètre, équivaut à 24 billions USD en gisements des métaux hautement stratégiques non encore explorés. Cet atout considérable devrait inciter Kinshasa à indexer sa monnaie sur la valeur des ressources naturelles en sa possession. La RDC devra ensuite conditionner tout échange commercial avec les pays industrialisés au transfert des techniques et des technologies. Enfin, pour se prémunir de toute agression extérieure, le pays devrait se doter d’une armée performante, d’une police et une gendarmerie citoyennes, d’une diplomatie intelligente et d’un service de renseignement à la pointe des enjeux relatifs à l’espionnage et au contre-espionnage.

vendredi 23 mai 2025

La République Démocratique du Congo, une tentative de recolonisation ?


Les traites des Noirs ont concerné le commerce d’esclaves noirs africains dans le cadre de la déportation de plusieurs millions de victimes durant près de treize siècles au cours des périodes de durée très différentes : la traite orientale ou arabe comme composante principale (17 millions de déportés sur 13 siècles), la traite intra-africaine (14 millions de déportés) et la traite atlantique ou occidentale ayant inclus le commerce triangulaire (12 millions de déportés, dont 90 % sur 110 ans principalement au XVIIIe siècle). Quant à la colonisation, elle a été matérialisée par l’occupation des terres étrangères pour des raisons économiques, politiques, militaires ou culturelles. Cela s’est effectué de diverses façons : l’occupation militaire d’un territoire, l’annexion pure et simple, l’immigration ordinaire, la logique de domination relevant de l’impérialisme.

Le rôle des pays africains

Au début des années 2000, le terme « minerais de conflit » a été utilisé pour la première fois afin de désigner et contrer le commerce illicite de minerais de grande valeur dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo. Ce commerce ne cesse d’être entretenu par le Rwanda et l’Ouganda, en finançant des groupes armés pour déstabiliser un pays souverain et s’approprier les ressources naturelles (étain, tantale, tungstène – les « 3T » –, ainsi que l’or), et de leur exportation à travers des chaînes d’approvisionnement bien rodées.
Soutenu par Kigali, le M23 a pris le contrôle des zones où est extraite la majeure partie du coltan congolais. En partenariat avec l’AFC, cette milice a consolidé son emprise sur le Kivu riche en ressources naturelles. Par la taxation et la contrebande de minerais, elle continue de tirer des profits substantiels de l’exploitation minière en territoire congolais. À titre d’illustration, les revenus mensuels du M23 provenant de l’extraction et du commerce de minerais de Rubaya sont estimés à plus 800 000 dollars américains. Les villes de Goma et de Bukavu, actuellement sous leur occupation, sont ainsi devenues des lieux stratégiques d’exportation et de transit des minerais. Ils occupent également Nyabibwe, une région riche en 3T.
Dans la province de l’Ituri, où sévit l’armée ougandaise, des groupes armés forment des alliances avec le M23 et l’armée ougandaise. Selon le Groupe d’experts des Nations Unies, ayant largement éclipsé les revenus tirés du commerce illicite des 3T, les groupes armés actifs dans cette région ont généré au moins 140 millions de dollars américains en 2024.

Le marché international

Les minéraux pillés par des groupes armés au profit du Rwanda et de l’Ouganda inondent depuis plus d’une vingtaine d’années le marché international. Ils trouvent preneurs auprès des entreprises basées hors du continent africain. De plus, de nombreux acteurs du secteur privé n’ont pas veillé à mettre en œuvre les mécanismes de diligence raisonnable dans leurs chaînes d’acquisition conformément aux normes préconisées par le Guide OCDE sur le devoir de diligence pour des chaînes d’approvisionnement responsables en minerais en provenance de zones de conflit ou à haut risque. Les entreprises ferment les yeux, en dépit des alertes contenues dans les rapports du Groupe d’experts des Nations Unies, ne s’interrogent pas sur l’origine de leurs achats. Ils préfèrent se rendre complices et se reposent aveuglément sur les mécanismes sectoriels, assumant le risque d’être qualifiés des receleurs.

La paix régionale

La dramatique situation en cours dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo représente donc, sous la forme d’un commerce sur la base du pillage, le remake de la traite des Noirs et de la colonisation des pays d’Afrique subsaharienne. Ce processus se développe par la vente des ressources naturelles congolaises à des clients occidentaux et orientaux. Quand bien même le progrès technologique dépend des ressources congolaises, cela ne justifie en aucun cas la poursuite de leur commerce au préjudice de vies humaines et de violations des droits de la personne. Dans une telle optique, dès lors que l’expansion territoriale constitue la motivation première du Rwanda et de l’Ouganda, l’approvisionnement en minerais lié aux groupes armés ne suffira pas à résoudre le conflit. Seule une solution régionale facilitera la paix dans la région des Grands Lacs africains, conformément à la Déclaration de Lusaka de 2010 prévoyant une action conjointe contre le commerce illicite des ressources naturelles et ses liens avec les conflits et l’insécurité. Cela étouffera dans l’œuf l’idée en gestation dans des officines étrangères, quant à la recolonisation en toute discrétion de quelques pays d’Afrique en vue de l’exploitation consentie des terres rares par des puissances occidentales et orientales.

samedi 15 mars 2025

La mort dans la bravoure et non la cession des terres ancestrales dans la lâcheté


En référence à l’histoire antique et aux guerres médiques, après avoir été pris sur leurs arrières à la suite d’une manœuvre de contournement par l’armée perse de Xerès Ier, la plupart des Grecs ont déserté le champ de bataille. Par conséquent, en dépit d’une infériorité numérique, 300 soldats spartiates commandés par le roi Léonidas Ier et 700 autres soldats sous les ordres de Démophilos de Thespies avaient décidé de protéger l’entrée du passage des Thermopyles donnant l’accès à la Grèce centrale le long de la mer Égée. Ils devaient donc combattre jusqu’au sacrifice pour laisser aux Grecs le temps d’organiser leur défense. De nos jours, l’histoire étant un éternel recommencement, un tel scénario est en cours d’écriture à l’aide du sang dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

Le symbole de la résistance congolaise

Après les drames occasionnés quelques années plus tôt par des criminels à l’instar de Laurent Nkunda, Bosco Ntaganda et toute la bande d’affreux des Grands Lacs africains, la partie orientale de la République Démocratique du Congo est à feu et à sang. Elle est livrée à la même occasion au pillage des ressources naturelles comme le coltan, l’or, le diamant... Mine de rien, l’occupation d’une partie de la région du Kivu par les éléments de l’armée rwandaise sous l’étiquette du Mouvement du 23 mars (M23) semble peu à peu éveiller le patriotisme congolais. Cette opération est en train de se transformer, au fil des jours, en un symbole de la résistance face aux envahisseurs. En effet, malgré la présence dans le territoire congolais des supplétifs du Rwanda à l’issue des prises des agglomérations de Walikale, Minembwe..., les populations locales tiennent à tout prix à sauvegarder leur souveraineté. De plus, les patriotes résistants étant devenus invisibles, le champ de bataille s’est élargi au-delà du simple affrontement classique entre groupes armés. Ces civils ont donc privilégié la résilience. Ne disposant pourtant d’aucun armement sophistiqué, contrairement aux ennemis, ils sont spirituellement motivés par la mémoire de leurs compatriotes morts pour la Patrie et par le souvenir du sang encore chaud des Congolais de souche injustement versé.

Des intrépides soldats de l’ombre

Envahir une terre étrangère est une chose, mais s’y maintenir longtemps en est une autre. La motivation n’est jamais la même selon que l’on défend la terre de ses aïeux, ou que l’on occupe un pays tiers. Les Français et les Belges, dont les sols avaient été confisqués par l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, en savent quelque chose. Comme jadis en France, intégrant un bon nombre de mouvements et réseaux clandestins, les résistants ont décidé de poursuivre la lutte contre l’Axe du mal et ses relais collaborationnistes sur le territoire congolais jusqu’à la Libération totale des régions du Kivu et de l’Ituri. Composés d’hommes et de femmes Wazalendo, d’éléments du groupe armé Makanika…, ces vaillants résistants estiment, à juste titre, illégitime sur leurs terres la présence des troupes étrangères non invitées. Ces soldats de l’ombre, qui sont défavorables à l’expansion territoriale du Rwanda, s’opposent de facto à la balkanisation de la République Démocratique du Congo.

La bravoure plutôt que la couardise

Que les envahisseurs aillent donc dire aux gouvernants rwandais, tel est à n’en pas douter le sens de l’ultime combat de ces combattants résistants, que les Congolais préfèrent la bravoure à la couardise, pis encore l’extermination à la cession de leur antre. De plus, en parallèle des actions conjointement menées par les troupes des Forces armées de la République Démocratique du Congo et des forces alliées, des citoyens congolais de tous horizons ont pris le maquis pour libérer les territoires occupés. Ils sont déterminés à en découdre, par une guerre à l’usure, avec les militaires rwandais sous la casquette du M23. En vainqueurs, dans un futur proche, ils s’afficheront avec patriotisme dans les rues de Goma et Bukavu, et celles d’autres contrées occupées. Ils porteront plus haut l’étendard de la dignité nationale…

La sécurité intérieure et la paix régionale

C’est seulement en restant unies par le sort et dans l’effort pour la souveraineté que les populations congolaises garderont la tête haute. Ce n’est que de cette façon qu’elles deviendront un peuple respecté et libre. Elles devront enfin dresser leurs fronts longtemps courbés par l’oppression et le mépris. Ainsi prendront-elles pour de bon le plus bel élan en vue de la sécurisation et de la grandeur du territoire national, ainsi que d’une paix durable dans la région des Grands Lacs africains. D’ailleurs, les gouvernants rwandais auraient tort d’avoir la mémoire aussi courte, la symbolique du rocher de Kamegeli devant en principe leur rappeler, d’une manière ou d’une autre, les conséquences d’une tyrannie.

vendredi 31 mai 2024

La guerre des dupes dans la région des Grands Lacs africains


Depuis plus d’une vingtaine d’années, se déroule une drôle de guerre dans la région des Grands Lacs africains. Celle-ci oppose la République Démocratique du Congo à la coalition militaire rwando-ougandaise. Le bilan est très lourd du côté congolais : des millions de morts, des milliers de personnes déplacées et de femmes violées, le pillage des ressources naturelles… À qui profite réellement la déstabilisation de la RDC ? Quels sont les dessous des cartes, à propos de la stratégie consistant à se servir sur la bête ?

Des États mercenaires

Quelles sont les raisons les raisons de la présence de l’armée rwandaise dans le Kivu sous l’étiquette du M23, et de l’armée ougandaise dans l’Ituri pour traquer les supposés rebelles des ADF ? Il faudrait s’intéresser à la face cachée de l’iceberg pour cerner les motivations des agresseurs de la RDC. Depuis l’administration Clinton, l’Ouganda et le Rwanda sont devenus des bras armés des États-Unis en Afrique de l’Est. La transformation de ces deux pays en États mercenaires a d’abord permis l’éjection de la France du sol congolais, qui plus est un fief francophone, ensuite l’obtention du quitus en vue de l’appropriation à moindres frais des minerais stratégiques dont regorgent l’Ituri et le Kivu. Les produits du pillage sont écoulés à travers le monde au profit des receleurs composés d’entreprises basées en Occident, ainsi que dans des États d’Asie et du Moyen-Orient.

Des visées expansionnistes

Derrière la sale besogne qu’effectuent le Rwanda et l’Ouganda en RDC se cache en réalité des projets communs et divergents. Outre le fait de déstabiliser le territoire congolais pour satisfaire la demande extracontinentale, les pays agresseurs espèrent s’agrandir au détriment de leur grand voisin, le Rwanda ayant la ferme intention d’annexer le Kivu et le Maniema, tandis que l’Ouganda envisage de faire main basse sur l’Ituri. Ainsi manœuvrent-ils à l’insu de leurs parrains. Pour justifier l’agression contre la RDC, nombreux sont les prétextes évoqués : menace des FDLR et des ADF contre les régimes rwandais et ougandais, lutte contre le soi-disant plan d’extermination des populations rwandophones par Kinshasa, les frontières tronquées par l’ancienne puissance colonisatrice... Cela laisse supposer que, dans un cas comme dans l’autre, le conflit armé dans l’Est de la RDC relève du foncier. Par ailleurs, des pays régionaux préfèrent curieusement un grand voisin aux pieds d’argile à une puissance géostratégique pouvant servir de point d’appui au développement économique de l’Afrique.

La volonté manifeste du statu quo

Les affrontements armés dans la partie orientale de la RDC s’apparentent à de la mascarade dès lors que les belligérants bénéficient des mêmes soutiens militaires et diplomatiques. Dans l’absolu, à partir du moment où ils trouvent leur compte à travers cette guerre des dupes et bénéficient des sous-traitants à cet effet, les alliés non continentaux qui sont d’ailleurs les mêmes pour la RDC, l’Ouganda et le Rwanda n’auront aucun intérêt à ce que la situation évolue. Dans cette optique, pour continuer à avoir accès aux mines d’or à ciel ouvert, ils se satisferont de la faiblesse du pays agressé. A contrario, ils n’accepteront pas son démembrement au profit des sous-traitants soucieux de leur propre confort économique et géostratégique. Tant que la situation dans l’Est du Congo restera inchangée, les marionnettistes ne cesseront de tirer les ficelles et les pantins continueront de s’articuler en vue du spectacle macabre et contre-productif. In fine, la démographie régionale en pâtira longtemps et les trois pays belligérants consacreront le gros de leurs budgets à l’effort de guerre et non à leur développement. Ainsi la guerre des dupes souhaitées par les puissances de nos jours hégémoniques ôtera-t-elle, pendant au moins un demi-siècle, à l’Afrique la possibilité de jouer, sur un pied d’égalité, sa partition en vue d’un monde juste et équilibré.

Éviter les deux écueils

La RDC parviendra-t-elle à pacifier, dans un tel contexte, son territoire déstabilisé à dessein par quelques-uns de ses voisins manipulés de l’extérieur du continent ? Comment sortir indemne des écueils qui, tels Charybde et Scylla, matérialisent l’étau qui menace sa souveraineté ? Le gouvernement congolais, diplomatiquement et militairement soutenu par les partenaires de ses agresseurs, parviendra-t-il à enrayer le plan du puissant conglomérat des pilleurs et des receleurs ? Dans l’affirmative, s’imposera dans le délai le plus court possible un véritable changement d’alliances de toutes parts. Dans la négative, il faudra envisager d’autres partenariats pour faire face à l’agression. Kinshasa doit vite résoudre cette kafkaïenne équation aux multiples finalités, au risque de contenter, impuissante, de la dramatique situation aux conséquences à la fois nationales, régionales et continentales.

mardi 12 mars 2024

Le Congo-Kinshasa, un pays au cœur de la nouvelle géopolitique planétaire ?



Ces derniers temps, après un long silence notamment de la communauté internationale par rapport à la dramatique situation en cours dans la région du Kivu et dans l’Ituri, plusieurs voix commencent enfin à se faire entendre en vue de la pacification de la République Démocratique du Congo. Certes, encore timidement. Le gouvernement congolais doit-il forcément compter sur les puissances étrangères, s’agissant de la sécurisation et de la pacification de la partie orientale de son territoire ? Quelques facteurs doivent sans conteste être pris en compte, quant aux enjeux planétaires qui, aux dessous des cartes, se jouent cyniquement sur l’échiquier congolais.

La souveraineté nationale

Rappelons hic et nunc le traditionnel principe politique faisant du peuple le détenteur du pouvoir suprême d’une nation ou d’un État, la légitimité des gouvernants et des institutions étatiques n’étant que la matérialisation du consentement des citoyens. Ainsi est-ce une erreur fatale de croire qu’une force militaire venue d’ailleurs peut mieux assurer la défense du territoire congolais. Quand bien même l’on ne peut faire abstraction du contexte croissant de mondialisation, les défis auxquels est confrontée la République Démocratique du Congo ne peuvent être surmontés que par des décisions politiques nationales au regard des facteurs externes. Par conséquent, pragmatisme obligeant, les relations bilatérales ou multilatérales ne peuvent être nouées, ou maintenues, que sur la base de la fiabilité du partenariat existant ou en devenir. Avec neuf frontières étatiques, pour la survie de l’unité nationale, le gouvernement congolais doit de toute évidence doter son pays d’une armée performante et patriotique, a fortiori dissuasive, ainsi que d’une intelligente politique des affaires étrangères. L’armée nationale congolaise doit se transformer, de facto, en bras armé de la diplomatie. La mutualisation des forces régionales ne doit être que complémentaire, notamment dans le cadre des accords de non-agression et d’assistance mutuelle en cas de déstabilisation extrarégionale. Par ailleurs, entre autres dispositifs, une politique monétaire basée sur l’alignement du franc congolais sur les ressources naturelles ne peut qu’être salutaire s’agissant du commerce extérieur.

Le double jeu de la communauté internationale

Les populations congolaises doivent être les premières gardiennes de leur souveraine, même si le patriotisme ne doit nullement exclure les partenariats régionaux dans le cadre des unions douanières et de politique de libre-échange au vu de la circulation des biens et des personnes, de la construction des infrastructures transnationales… Les relations économiques et diplomatiques ne doivent en aucun cas se nouer au détriment de la vision interne. Le peuple congolais doit toujours avoir à l’esprit les néfastes conséquences de l’opération Turquoise depuis 1994 et le double jeu de certaines puissances non continentales dans leur soutien au pays agresseur qu’est principalement le Rwanda, ainsi que le soutien à Laurent-Désiré Kabila contre le régime mobutiste par des forces non congolaises en vue de la prise du pouvoir en 1997. En essayant par tous les moyens de parvenir à la déstabilisation de la République Démocratique du Congo, certains États receleurs de la région des Grands Lacs africains, voire mercenaires ou voyous, ne cessent de contribuer à l’affaiblissement de tout un continent. Et, au moment où tout est entrepris pour que le Grand Congo ne s’éveille surtout pas, l’Union africaine a tout à fait tort de s’inscrire sur la liste des abonnés absents. De plus, d’autres puissances non continentales tentent désespérément de résoudre l’équation congolaise, à plusieurs inconnues, au gré de leurs seuls intérêts.

Le panafricanisme

Mouvement et idéologie politiques en vue de l’indépendance totale du continent africain, le panafricanisme encourage la pratique de la solidarité entre les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers dans le monde, indépendamment de leurs origines ethniques, leurs appartenances religieuses, ou leurs apparences physiques. Dans cette optique, outre la consolidation du franc congolais, une vision panafricaniste relative à la mise en place d’une monnaie unique à usage continental facilitera les échanges commerciaux entre les pays d’Afrique. Ainsi, compte tenu de sa position géostratégique au cœur de l’Afrique, la République Démocratique du Congo peut enfin servir, et ce ne sont pas les atouts qui lui manquent, de locomotive du point dans le nouveau rapport de force planétaire. Tout n’est que question de volonté de la part des acteurs politiques et économiques congolais, en particulier, et, en général, de leurs homologues africains.