Espace consacré aux essais et réflexions de Gaspard-Hubert Lonsi Koko au regard de ses divers engagements et convictions.
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samedi 15 mars 2025
La mort dans la bravoure et non la cession des terres ancestrales dans la lâcheté
En référence à l’histoire antique et aux guerres médiques, après avoir été pris sur leurs arrières à la suite d’une manœuvre de contournement par l’armée perse de Xerès Ier, la plupart des Grecs ont déserté le champ de bataille. Par conséquent, en dépit d’une infériorité numérique, 300 soldats spartiates commandés par le roi Léonidas Ier et 700 autres soldats sous les ordres de Démophilos de Thespies avaient décidé de protéger l’entrée du passage des Thermopyles donnant l’accès à la Grèce centrale le long de la mer Égée. Ils devaient donc combattre jusqu’au sacrifice pour laisser aux Grecs le temps d’organiser leur défense. De nos jours, l’histoire étant un éternel recommencement, un tel scénario est en cours d’écriture à l’aide du sang dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Le symbole de la résistance congolaise
Après les drames occasionnés quelques années plus tôt par des criminels à l’instar de Laurent Nkunda, Bosco Ntaganda et toute la bande d’affreux des Grands Lacs africains, la partie orientale de la République Démocratique du Congo est à feu et à sang. Elle est livrée à la même occasion au pillage des ressources naturelles comme le coltan, l’or, le diamant... Mine de rien, l’occupation d’une partie de la région du Kivu par les éléments de l’armée rwandaise sous l’étiquette du Mouvement du 23 mars (M23) semble peu à peu éveiller le patriotisme congolais. Cette opération est en train de se transformer, au fil des jours, en un symbole de la résistance face aux envahisseurs. En effet, malgré la présence dans le territoire congolais des supplétifs du Rwanda à l’issue des prises des agglomérations de Walikale, Minembwe..., les populations locales tiennent à tout prix à sauvegarder leur souveraineté. De plus, les patriotes résistants étant devenus invisibles, le champ de bataille s’est élargi au-delà du simple affrontement classique entre groupes armés. Ces civils ont donc privilégié la résilience. Ne disposant pourtant d’aucun armement sophistiqué, contrairement aux ennemis, ils sont spirituellement motivés par la mémoire de leurs compatriotes morts pour la Patrie et par le souvenir du sang encore chaud des Congolais de souche injustement versé.
Des intrépides soldats de l’ombre
Envahir une terre étrangère est une chose, mais s’y maintenir longtemps en est une autre. La motivation n’est jamais la même selon que l’on défend la terre de ses aïeux, ou que l’on occupe un pays tiers. Les Français et les Belges, dont les sols avaient été confisqués par l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, en savent quelque chose. Comme jadis en France, intégrant un bon nombre de mouvements et réseaux clandestins, les résistants ont décidé de poursuivre la lutte contre l’Axe du mal et ses relais collaborationnistes sur le territoire congolais jusqu’à la Libération totale des régions du Kivu et de l’Ituri. Composés d’hommes et de femmes Wazalendo, d’éléments du groupe armé Makanika…, ces vaillants résistants estiment, à juste titre, illégitime sur leurs terres la présence des troupes étrangères non invitées. Ces soldats de l’ombre, qui sont défavorables à l’expansion territoriale du Rwanda, s’opposent de facto à la balkanisation de la République Démocratique du Congo.
La bravoure plutôt que la couardise
Que les envahisseurs aillent donc dire aux gouvernants rwandais, tel est à n’en pas douter le sens de l’ultime combat de ces combattants résistants, que les Congolais préfèrent la bravoure à la couardise, pis encore l’extermination à la cession de leur antre. De plus, en parallèle des actions conjointement menées par les troupes des Forces armées de la République Démocratique du Congo et des forces alliées, des citoyens congolais de tous horizons ont pris le maquis pour libérer les territoires occupés. Ils sont déterminés à en découdre, par une guerre à l’usure, avec les militaires rwandais sous la casquette du M23. En vainqueurs, dans un futur proche, ils s’afficheront avec patriotisme dans les rues de Goma et Bukavu, et celles d’autres contrées occupées. Ils porteront plus haut l’étendard de la dignité nationale…
La sécurité intérieure et la paix régionale
C’est seulement en restant unies par le sort et dans l’effort pour la souveraineté que les populations congolaises garderont la tête haute. Ce n’est que de cette façon qu’elles deviendront un peuple respecté et libre. Elles devront enfin dresser leurs fronts longtemps courbés par l’oppression et le mépris. Ainsi prendront-elles pour de bon le plus bel élan en vue de la sécurisation et de la grandeur du territoire national, ainsi que d’une paix durable dans la région des Grands Lacs africains. D’ailleurs, les gouvernants rwandais auraient tort d’avoir la mémoire aussi courte, la symbolique du rocher de Kamegeli devant en principe leur rappeler, d’une manière ou d’une autre, les conséquences d’une tyrannie.
vendredi 31 mai 2024
La guerre des dupes dans la région des Grands Lacs africains
Depuis plus d’une vingtaine d’années, se déroule une drôle de guerre dans la région des Grands Lacs africains. Celle-ci oppose la République Démocratique du Congo à la coalition militaire rwando-ougandaise. Le bilan est très lourd du côté congolais : des millions de morts, des milliers de personnes déplacées et de femmes violées, le pillage des ressources naturelles… À qui profite réellement la déstabilisation de la RDC ? Quels sont les dessous des cartes, à propos de la stratégie consistant à se servir sur la bête ?
Des États mercenaires
Quelles sont les raisons les raisons de la présence de l’armée rwandaise dans le Kivu sous l’étiquette du M23, et de l’armée ougandaise dans l’Ituri pour traquer les supposés rebelles des ADF ? Il faudrait s’intéresser à la face cachée de l’iceberg pour cerner les motivations des agresseurs de la RDC. Depuis l’administration Clinton, l’Ouganda et le Rwanda sont devenus des bras armés des États-Unis en Afrique de l’Est. La transformation de ces deux pays en États mercenaires a d’abord permis l’éjection de la France du sol congolais, qui plus est un fief francophone, ensuite l’obtention du quitus en vue de l’appropriation à moindres frais des minerais stratégiques dont regorgent l’Ituri et le Kivu. Les produits du pillage sont écoulés à travers le monde au profit des receleurs composés d’entreprises basées en Occident, ainsi que dans des États d’Asie et du Moyen-Orient.
Des visées expansionnistes
Derrière la sale besogne qu’effectuent le Rwanda et l’Ouganda en RDC se cache en réalité des projets communs et divergents. Outre le fait de déstabiliser le territoire congolais pour satisfaire la demande extracontinentale, les pays agresseurs espèrent s’agrandir au détriment de leur grand voisin, le Rwanda ayant la ferme intention d’annexer le Kivu et le Maniema, tandis que l’Ouganda envisage de faire main basse sur l’Ituri. Ainsi manœuvrent-ils à l’insu de leurs parrains. Pour justifier l’agression contre la RDC, nombreux sont les prétextes évoqués : menace des FDLR et des ADF contre les régimes rwandais et ougandais, lutte contre le soi-disant plan d’extermination des populations rwandophones par Kinshasa, les frontières tronquées par l’ancienne puissance colonisatrice... Cela laisse supposer que, dans un cas comme dans l’autre, le conflit armé dans l’Est de la RDC relève du foncier. Par ailleurs, des pays régionaux préfèrent curieusement un grand voisin aux pieds d’argile à une puissance géostratégique pouvant servir de point d’appui au développement économique de l’Afrique.
La volonté manifeste du statu quo
Les affrontements armés dans la partie orientale de la RDC s’apparentent à de la mascarade dès lors que les belligérants bénéficient des mêmes soutiens militaires et diplomatiques. Dans l’absolu, à partir du moment où ils trouvent leur compte à travers cette guerre des dupes et bénéficient des sous-traitants à cet effet, les alliés non continentaux qui sont d’ailleurs les mêmes pour la RDC, l’Ouganda et le Rwanda n’auront aucun intérêt à ce que la situation évolue. Dans cette optique, pour continuer à avoir accès aux mines d’or à ciel ouvert, ils se satisferont de la faiblesse du pays agressé. A contrario, ils n’accepteront pas son démembrement au profit des sous-traitants soucieux de leur propre confort économique et géostratégique. Tant que la situation dans l’Est du Congo restera inchangée, les marionnettistes ne cesseront de tirer les ficelles et les pantins continueront de s’articuler en vue du spectacle macabre et contre-productif. In fine, la démographie régionale en pâtira longtemps et les trois pays belligérants consacreront le gros de leurs budgets à l’effort de guerre et non à leur développement. Ainsi la guerre des dupes souhaitées par les puissances de nos jours hégémoniques ôtera-t-elle, pendant au moins un demi-siècle, à l’Afrique la possibilité de jouer, sur un pied d’égalité, sa partition en vue d’un monde juste et équilibré.
Éviter les deux écueils
La RDC parviendra-t-elle à pacifier, dans un tel contexte, son territoire déstabilisé à dessein par quelques-uns de ses voisins manipulés de l’extérieur du continent ? Comment sortir indemne des écueils qui, tels Charybde et Scylla, matérialisent l’étau qui menace sa souveraineté ? Le gouvernement congolais, diplomatiquement et militairement soutenu par les partenaires de ses agresseurs, parviendra-t-il à enrayer le plan du puissant conglomérat des pilleurs et des receleurs ? Dans l’affirmative, s’imposera dans le délai le plus court possible un véritable changement d’alliances de toutes parts. Dans la négative, il faudra envisager d’autres partenariats pour faire face à l’agression. Kinshasa doit vite résoudre cette kafkaïenne équation aux multiples finalités, au risque de contenter, impuissante, de la dramatique situation aux conséquences à la fois nationales, régionales et continentales.
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mardi 12 mars 2024
Le Congo-Kinshasa, un pays au cœur de la nouvelle géopolitique planétaire ?
Ces derniers temps, après un long silence notamment de la communauté internationale par rapport à la dramatique situation en cours dans la région du Kivu et dans l’Ituri, plusieurs voix commencent enfin à se faire entendre en vue de la pacification de la République Démocratique du Congo. Certes, encore timidement. Le gouvernement congolais doit-il forcément compter sur les puissances étrangères, s’agissant de la sécurisation et de la pacification de la partie orientale de son territoire ? Quelques facteurs doivent sans conteste être pris en compte, quant aux enjeux planétaires qui, aux dessous des cartes, se jouent cyniquement sur l’échiquier congolais.
La souveraineté nationale
Rappelons hic et nunc le traditionnel principe politique faisant du peuple le détenteur du pouvoir suprême d’une nation ou d’un État, la légitimité des gouvernants et des institutions étatiques n’étant que la matérialisation du consentement des citoyens. Ainsi est-ce une erreur fatale de croire qu’une force militaire venue d’ailleurs peut mieux assurer la défense du territoire congolais. Quand bien même l’on ne peut faire abstraction du contexte croissant de mondialisation, les défis auxquels est confrontée la République Démocratique du Congo ne peuvent être surmontés que par des décisions politiques nationales au regard des facteurs externes. Par conséquent, pragmatisme obligeant, les relations bilatérales ou multilatérales ne peuvent être nouées, ou maintenues, que sur la base de la fiabilité du partenariat existant ou en devenir. Avec neuf frontières étatiques, pour la survie de l’unité nationale, le gouvernement congolais doit de toute évidence doter son pays d’une armée performante et patriotique, a fortiori dissuasive, ainsi que d’une intelligente politique des affaires étrangères. L’armée nationale congolaise doit se transformer, de facto, en bras armé de la diplomatie. La mutualisation des forces régionales ne doit être que complémentaire, notamment dans le cadre des accords de non-agression et d’assistance mutuelle en cas de déstabilisation extrarégionale. Par ailleurs, entre autres dispositifs, une politique monétaire basée sur l’alignement du franc congolais sur les ressources naturelles ne peut qu’être salutaire s’agissant du commerce extérieur.
Le double jeu de la communauté internationale
Les populations congolaises doivent être les premières gardiennes de leur souveraine, même si le patriotisme ne doit nullement exclure les partenariats régionaux dans le cadre des unions douanières et de politique de libre-échange au vu de la circulation des biens et des personnes, de la construction des infrastructures transnationales… Les relations économiques et diplomatiques ne doivent en aucun cas se nouer au détriment de la vision interne. Le peuple congolais doit toujours avoir à l’esprit les néfastes conséquences de l’opération Turquoise depuis 1994 et le double jeu de certaines puissances non continentales dans leur soutien au pays agresseur qu’est principalement le Rwanda, ainsi que le soutien à Laurent-Désiré Kabila contre le régime mobutiste par des forces non congolaises en vue de la prise du pouvoir en 1997. En essayant par tous les moyens de parvenir à la déstabilisation de la République Démocratique du Congo, certains États receleurs de la région des Grands Lacs africains, voire mercenaires ou voyous, ne cessent de contribuer à l’affaiblissement de tout un continent. Et, au moment où tout est entrepris pour que le Grand Congo ne s’éveille surtout pas, l’Union africaine a tout à fait tort de s’inscrire sur la liste des abonnés absents. De plus, d’autres puissances non continentales tentent désespérément de résoudre l’équation congolaise, à plusieurs inconnues, au gré de leurs seuls intérêts.
Le panafricanisme
Mouvement et idéologie politiques en vue de l’indépendance totale du continent africain, le panafricanisme encourage la pratique de la solidarité entre les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers dans le monde, indépendamment de leurs origines ethniques, leurs appartenances religieuses, ou leurs apparences physiques. Dans cette optique, outre la consolidation du franc congolais, une vision panafricaniste relative à la mise en place d’une monnaie unique à usage continental facilitera les échanges commerciaux entre les pays d’Afrique. Ainsi, compte tenu de sa position géostratégique au cœur de l’Afrique, la République Démocratique du Congo peut enfin servir, et ce ne sont pas les atouts qui lui manquent, de locomotive du point dans le nouveau rapport de force planétaire. Tout n’est que question de volonté de la part des acteurs politiques et économiques congolais, en particulier, et, en général, de leurs homologues africains.
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