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mardi 15 juillet 2025

FDLR, un fallacieux prétexte de la part du Rwanda


Selon le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, l’avenir de l’ambitieux accord de paix signé le 27 juin à Washington par le Rwanda et la République Démocratique du Congo sous l’égide des États-Unis est conditionnée à l’éradication des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) en tant qu’ex-génocidaires. Ce fait demeure donc, pour Kigali, un préalable aux opérations à venir. Or, peut-on aisément constater, un bon nombre d’opérations armées ont été menées sur le sol congolais tant par les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), parfois avec l’assistance la force onusienne, que par les Forces de défense rwandaise (RDF). À qui peut-on faire croire que, pourtant présents depuis une de trentaine d’années dans la région du Kivu, les éléments de l’APR ne parviennent toujours pas à maîtriser une poignée d’individus sous équipés ? Ces forces fantômes composées de moins de 1 000 individus, constituent-elles en réalité un prétexte en vue du pillage systématique des ressources naturelles et de l’expansion territoriale ?

L'opération Umoja Wetu

Lancé conjointement à partir de Goma le 20 janvier 2009 par les armées rwandaise et congolaise, l’opération militaire “Umoja Wetu” (Notre unité en swahili) avait une double mission : la traque des FDLR et la neutralisation des derniers éléments du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) fidèles à Laurent Nkundabatware.  Selon le général John Numbi, qui était à l'époque Commandant des opérations conjointes FARDC-RDF, au bout des 35 jours le bilan de ladite coalition était de 153 tués parmi les FDLR, 13 blessés, 37 capturés, 103 rendus, 5 000 rwandais rapatriés au Rwanda, dont 1 300 combattants et leurs familles.
En février 2009, l’opération conjointe des FARDC et des RDF contre les FDLR s’est poursuivie dans les territoires de Rutshuru et de Masisi au Nord-Kivu. La présence des troupes congolaises et rwandaises était signalée à quelques kilomètres à l’Ouest de Nyamilima, non loin du Nord-Est de Goma. D’ailleurs, les FARDC et les éléments du CNDP n’ayant pas été concernés par ce front, des soldats rwandais s’étaient déployés dans l’Est de Mabenga à proximité de Rutshuru vers le parc national de Virunga. Un troisième front avait été ouvert par ces forces d’occupation dans la région de Bambo et un quatrième champ de bataille dans celle de Katoyi dans le Masisi, en direction de Walikale. Les opérations conjointes s’étaient déroulées sur l’axe Rutshuru, dans les zones de la forêt de Kirima et à Kazaroho où quelques éléments des FDLR s’étaient rendus contrairement à ceux qui avaient été tués dans une autre opération au Sud de Tongo. Selon la mission onusienne, le bastion des FDLR se trouvait à l’époque dans les villages de Ntoto et Mahiya dans la région de Kashebere au Nord-Est de la ville de Masisi.
Mais les observateurs avisés avaient estimé que l’opération “Umoja Wetu” n’avait pas permis d’atteindre ses objectifs. De plus, les FDLR n’avaient pas été “durablement affaiblies” comme l’avait prétendu le porte-parole du gouvernement congolais.

L’opération Kimia II

L’opération militaire Kimia II a été lancée en mai 2009 par le gouvernement congolais avec le soutien des Nations Unies pour lutter contre la rébellion FDLR présente dans l’Est de la RDC. Les FARDC, bien appuyées par les éléments de la Mission de l'Organisation des Nations unies en république démocratique du Congo (MONUC), ont remporté de nombreux succès sur le terrain malgré les critiques en matière de droits de l’Homme quant aux méthodes employées pour lutter contre les rebelles rwandais. Néanmoins, même s’ils ont eu recours à une tactique d’embuscades et exercé des représailles contre les civils soupçonnés d’avoir collaboré avec les FARDC, cette opération avait permis d’assurer le contrôle des sites stratégiques d’où les FDLR avaient été en très grande partie délogées.

L’opération Sokola II

Au cours de l’opération Sokola II qui avait commencé au Nord-Kivu en février 2015 contre les rebelles rwandais des FDLR, le gouvernement du président Joseph Kabila avait annoncé le 4 août de la même année leur neutralisation. En effet, selon le général Léon Mushale, Commandant de la 3ème zone de défense FARDC, la réduction radicale de leur nombre était passée de 1 500 à presque 390. Le 22 juillet 2015, le vice-ministre de la Défense Nationale de la RDC avait fait état, dans un rapport au Conseil supérieur de la défense, de 216 combattants FDLR ayant été neutralisés par l’armée nationale congolaise.

Neutralisation et renvoi des FDLR au Rwanda ou ailleurs

Pour quelles raisons l’armée rwandaise, qui occupe de facto la quasi-totalité du Kivu par le truchement de ses supplétifs de l’AFC et du M23, n’est-elle pas parvenue à neutraliser le FDLR ? Pour une paix durable dans la région des Grands Lacs africains, la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies adoptée le 21 février 2025 recommande le retrait des forces rwandaises du territoire congolais et la neutralisation des FDLR. Ainsi faudrait-il appliquer ladite résolution, afin de faire taire à jamais le fallacieux argument justifiant la déstabilisation d’un pays souverain. Le retrait des troupes rwandaises étant la condition sine qua non pour la pacification du territoire congolais et la sécurité des pays frontaliers, il faudrait créer une Brigade d’intervention rapide non régionale en vue de la neutralisation, sous l’observation des forces armées congolaises, des éléments des FDLR encore présents dans le Kivu. Ces derniers devraient être renvoyés à Kigali dans l’optique d’un dialogue inter-rwandais, ou exilés par le Haut conseil des Nations Unies dans un pays non limitrophe du Rwanda.

jeudi 26 juin 2025

Est de la République Démocratique du Congo, qui paiera la facture ?


L’accord provisoire en vue de la fin des combats dans le Kivu et l’Ituri a été enfin signé à Washington le 27 juin par les ministres des Affaires étrangères du Rwanda et de la République Démocratique du Congo sous l’égide des États-Unis. Certes, ce projet comprend des « dispositions sur le respect de l’intégrité territoriale et l’interdiction des hostilités, le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques ». Qu’en serait-il, néanmoins, des actes relatifs aux violations graves des droits fondamentaux de la personne, ainsi qu’aux millions de vies humaines fauchées pour des raisons expansionnistes et mercantiles ? Il serait incompréhensible de faire abstraction des sanctions appropriées, s’agissant des crimes de guerre et crimes contre l’humanité cyniquement commis à l’encontre des populations congolaises.

Un conflit économique et foncier

La guerre, qui depuis une trentaine d’années déstabilise le Kivu et l’Ituri, tire son fondement des raisons d’ordre économique et foncier. Le cruel stratagème sur lequel elle s’appuie fait abstraction du respect des prérogatives d’un pays souverain, foulant ainsi aux pieds un bon nombre de rapports d’experts et résolutions onusiennes qui ont dénoncé et condamné l’agression dont est victime la RDC. Pis encore, le Rwanda et l’Ouganda comptent s’agrandir au détriment de leur grand voisin tandis que leurs soutiens non continentaux espèrent pouvoir continuer de faire main basse sur les minerais dont regorge le sous-sol congolais.

Les différents rapports et résolutions

La résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies adoptée à l’unanimité le 21 février 2025 recommande le retrait des forces rwandaises du territoire congolais et la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Quant à l’accord-cadre pour la paix, la sécurité pour la République Démocratique du Congo ratifié à Addis-Abeba le 24 mars 2013, il préconise dans son article 5 la non-ingérence dans les affaires intérieures des États voisins et recommande aucune tolérance ou soutien quelconque à des troupes armées. Enfin, publié en 2010, le projet Mapping du Haut Conseil des Nations Unies sur les violations des droits de l’Homme commises en territoire congolais entre 1993 et 2003 a relevé plus de 617 violences et crimes avérés.

Que faire ?

Face à la dramatique situation en cours dans l’Est de la RDC, les constats évoqués supra devraient en principe inciter à l’application de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi qu’à celle de l’article 5 de l’accord-cadre d’Addis-Abeba quant aux sanctions idoines. Primo, il faudrait exiger le retrait sans condition des troupes rwandaises du territoire congolais. Secundo, on devrait mettre en place une Brigade d’intervention rapide non régionale, sous l’observation des forces armées congolaises en vue de la neutralisation des éléments des FDLR – la finalité étant leur renvoi à Kigali ou dans un pays d’exil non frontalier du Rwanda.

La paix régionale

La politique militariste du président Kagamé n’augure guère une paix durable en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs africains. Par conséquent, il serait logique de démilitariser le Rwanda pour une durée d’une trentaine d’années en garantissant toutefois sa protection par une force interafricaine. Il faudrait prévoir aussi des élections démocratiques afin d’éviter des frustrations sociales. Comme moyen de dissuasion contre une possible intention belliqueuse, les auteurs des crimes de guerre et crimes contre l’humaine devraient faire l’objet des sanctions judiciaires par la cour internationale de justice et la cour pénale internationale. Enfin, les éléments de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) et du M23 devraient être concernés par le désarmement, la démobilisation et le cantonnement, les citoyens congolais devant relever des lois nationales et les étrangers dépendre des décisions de la justice transitionnelle dans le cadre d’une cour pénale pour la RDC.

Un Congo viable et vivable

Un vieux proverbe bantou recommande de confier son troupeau à un berger, quand bien même il bénéficie de la protection du bon Dieu. Le potentiel économique de la RDC, ayons à l’esprit ce paramètre, équivaut à 24 billions USD en gisements des métaux hautement stratégiques non encore explorés. Cet atout considérable devrait inciter Kinshasa à indexer sa monnaie sur la valeur des ressources naturelles en sa possession. La RDC devra ensuite conditionner tout échange commercial avec les pays industrialisés au transfert des techniques et des technologies. Enfin, pour se prémunir de toute agression extérieure, le pays devrait se doter d’une armée performante, d’une police et une gendarmerie citoyennes, d’une diplomatie intelligente et d’un service de renseignement à la pointe des enjeux relatifs à l’espionnage et au contre-espionnage.

vendredi 31 mai 2024

La guerre des dupes dans la région des Grands Lacs africains


Depuis plus d’une vingtaine d’années, se déroule une drôle de guerre dans la région des Grands Lacs africains. Celle-ci oppose la République Démocratique du Congo à la coalition militaire rwando-ougandaise. Le bilan est très lourd du côté congolais : des millions de morts, des milliers de personnes déplacées et de femmes violées, le pillage des ressources naturelles… À qui profite réellement la déstabilisation de la RDC ? Quels sont les dessous des cartes, à propos de la stratégie consistant à se servir sur la bête ?

Des États mercenaires

Quelles sont les raisons les raisons de la présence de l’armée rwandaise dans le Kivu sous l’étiquette du M23, et de l’armée ougandaise dans l’Ituri pour traquer les supposés rebelles des ADF ? Il faudrait s’intéresser à la face cachée de l’iceberg pour cerner les motivations des agresseurs de la RDC. Depuis l’administration Clinton, l’Ouganda et le Rwanda sont devenus des bras armés des États-Unis en Afrique de l’Est. La transformation de ces deux pays en États mercenaires a d’abord permis l’éjection de la France du sol congolais, qui plus est un fief francophone, ensuite l’obtention du quitus en vue de l’appropriation à moindres frais des minerais stratégiques dont regorgent l’Ituri et le Kivu. Les produits du pillage sont écoulés à travers le monde au profit des receleurs composés d’entreprises basées en Occident, ainsi que dans des États d’Asie et du Moyen-Orient.

Des visées expansionnistes

Derrière la sale besogne qu’effectuent le Rwanda et l’Ouganda en RDC se cache en réalité des projets communs et divergents. Outre le fait de déstabiliser le territoire congolais pour satisfaire la demande extracontinentale, les pays agresseurs espèrent s’agrandir au détriment de leur grand voisin, le Rwanda ayant la ferme intention d’annexer le Kivu et le Maniema, tandis que l’Ouganda envisage de faire main basse sur l’Ituri. Ainsi manœuvrent-ils à l’insu de leurs parrains. Pour justifier l’agression contre la RDC, nombreux sont les prétextes évoqués : menace des FDLR et des ADF contre les régimes rwandais et ougandais, lutte contre le soi-disant plan d’extermination des populations rwandophones par Kinshasa, les frontières tronquées par l’ancienne puissance colonisatrice... Cela laisse supposer que, dans un cas comme dans l’autre, le conflit armé dans l’Est de la RDC relève du foncier. Par ailleurs, des pays régionaux préfèrent curieusement un grand voisin aux pieds d’argile à une puissance géostratégique pouvant servir de point d’appui au développement économique de l’Afrique.

La volonté manifeste du statu quo

Les affrontements armés dans la partie orientale de la RDC s’apparentent à de la mascarade dès lors que les belligérants bénéficient des mêmes soutiens militaires et diplomatiques. Dans l’absolu, à partir du moment où ils trouvent leur compte à travers cette guerre des dupes et bénéficient des sous-traitants à cet effet, les alliés non continentaux qui sont d’ailleurs les mêmes pour la RDC, l’Ouganda et le Rwanda n’auront aucun intérêt à ce que la situation évolue. Dans cette optique, pour continuer à avoir accès aux mines d’or à ciel ouvert, ils se satisferont de la faiblesse du pays agressé. A contrario, ils n’accepteront pas son démembrement au profit des sous-traitants soucieux de leur propre confort économique et géostratégique. Tant que la situation dans l’Est du Congo restera inchangée, les marionnettistes ne cesseront de tirer les ficelles et les pantins continueront de s’articuler en vue du spectacle macabre et contre-productif. In fine, la démographie régionale en pâtira longtemps et les trois pays belligérants consacreront le gros de leurs budgets à l’effort de guerre et non à leur développement. Ainsi la guerre des dupes souhaitées par les puissances de nos jours hégémoniques ôtera-t-elle, pendant au moins un demi-siècle, à l’Afrique la possibilité de jouer, sur un pied d’égalité, sa partition en vue d’un monde juste et équilibré.

Éviter les deux écueils

La RDC parviendra-t-elle à pacifier, dans un tel contexte, son territoire déstabilisé à dessein par quelques-uns de ses voisins manipulés de l’extérieur du continent ? Comment sortir indemne des écueils qui, tels Charybde et Scylla, matérialisent l’étau qui menace sa souveraineté ? Le gouvernement congolais, diplomatiquement et militairement soutenu par les partenaires de ses agresseurs, parviendra-t-il à enrayer le plan du puissant conglomérat des pilleurs et des receleurs ? Dans l’affirmative, s’imposera dans le délai le plus court possible un véritable changement d’alliances de toutes parts. Dans la négative, il faudra envisager d’autres partenariats pour faire face à l’agression. Kinshasa doit vite résoudre cette kafkaïenne équation aux multiples finalités, au risque de contenter, impuissante, de la dramatique situation aux conséquences à la fois nationales, régionales et continentales.