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mardi 15 juillet 2025

FDLR, un fallacieux prétexte de la part du Rwanda


Selon le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, l’avenir de l’ambitieux accord de paix signé le 27 juin à Washington par le Rwanda et la République Démocratique du Congo sous l’égide des États-Unis est conditionnée à l’éradication des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) en tant qu’ex-génocidaires. Ce fait demeure donc, pour Kigali, un préalable aux opérations à venir. Or, peut-on aisément constater, un bon nombre d’opérations armées ont été menées sur le sol congolais tant par les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), parfois avec l’assistance la force onusienne, que par les Forces de défense rwandaise (RDF). À qui peut-on faire croire que, pourtant présents depuis une de trentaine d’années dans la région du Kivu, les éléments de l’APR ne parviennent toujours pas à maîtriser une poignée d’individus sous équipés ? Ces forces fantômes composées de moins de 1 000 individus, constituent-elles en réalité un prétexte en vue du pillage systématique des ressources naturelles et de l’expansion territoriale ?

L'opération Umoja Wetu

Lancé conjointement à partir de Goma le 20 janvier 2009 par les armées rwandaise et congolaise, l’opération militaire “Umoja Wetu” (Notre unité en swahili) avait une double mission : la traque des FDLR et la neutralisation des derniers éléments du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) fidèles à Laurent Nkundabatware.  Selon le général John Numbi, qui était à l'époque Commandant des opérations conjointes FARDC-RDF, au bout des 35 jours le bilan de ladite coalition était de 153 tués parmi les FDLR, 13 blessés, 37 capturés, 103 rendus, 5 000 rwandais rapatriés au Rwanda, dont 1 300 combattants et leurs familles.
En février 2009, l’opération conjointe des FARDC et des RDF contre les FDLR s’est poursuivie dans les territoires de Rutshuru et de Masisi au Nord-Kivu. La présence des troupes congolaises et rwandaises était signalée à quelques kilomètres à l’Ouest de Nyamilima, non loin du Nord-Est de Goma. D’ailleurs, les FARDC et les éléments du CNDP n’ayant pas été concernés par ce front, des soldats rwandais s’étaient déployés dans l’Est de Mabenga à proximité de Rutshuru vers le parc national de Virunga. Un troisième front avait été ouvert par ces forces d’occupation dans la région de Bambo et un quatrième champ de bataille dans celle de Katoyi dans le Masisi, en direction de Walikale. Les opérations conjointes s’étaient déroulées sur l’axe Rutshuru, dans les zones de la forêt de Kirima et à Kazaroho où quelques éléments des FDLR s’étaient rendus contrairement à ceux qui avaient été tués dans une autre opération au Sud de Tongo. Selon la mission onusienne, le bastion des FDLR se trouvait à l’époque dans les villages de Ntoto et Mahiya dans la région de Kashebere au Nord-Est de la ville de Masisi.
Mais les observateurs avisés avaient estimé que l’opération “Umoja Wetu” n’avait pas permis d’atteindre ses objectifs. De plus, les FDLR n’avaient pas été “durablement affaiblies” comme l’avait prétendu le porte-parole du gouvernement congolais.

L’opération Kimia II

L’opération militaire Kimia II a été lancée en mai 2009 par le gouvernement congolais avec le soutien des Nations Unies pour lutter contre la rébellion FDLR présente dans l’Est de la RDC. Les FARDC, bien appuyées par les éléments de la Mission de l'Organisation des Nations unies en république démocratique du Congo (MONUC), ont remporté de nombreux succès sur le terrain malgré les critiques en matière de droits de l’Homme quant aux méthodes employées pour lutter contre les rebelles rwandais. Néanmoins, même s’ils ont eu recours à une tactique d’embuscades et exercé des représailles contre les civils soupçonnés d’avoir collaboré avec les FARDC, cette opération avait permis d’assurer le contrôle des sites stratégiques d’où les FDLR avaient été en très grande partie délogées.

L’opération Sokola II

Au cours de l’opération Sokola II qui avait commencé au Nord-Kivu en février 2015 contre les rebelles rwandais des FDLR, le gouvernement du président Joseph Kabila avait annoncé le 4 août de la même année leur neutralisation. En effet, selon le général Léon Mushale, Commandant de la 3ème zone de défense FARDC, la réduction radicale de leur nombre était passée de 1 500 à presque 390. Le 22 juillet 2015, le vice-ministre de la Défense Nationale de la RDC avait fait état, dans un rapport au Conseil supérieur de la défense, de 216 combattants FDLR ayant été neutralisés par l’armée nationale congolaise.

Neutralisation et renvoi des FDLR au Rwanda ou ailleurs

Pour quelles raisons l’armée rwandaise, qui occupe de facto la quasi-totalité du Kivu par le truchement de ses supplétifs de l’AFC et du M23, n’est-elle pas parvenue à neutraliser le FDLR ? Pour une paix durable dans la région des Grands Lacs africains, la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies adoptée le 21 février 2025 recommande le retrait des forces rwandaises du territoire congolais et la neutralisation des FDLR. Ainsi faudrait-il appliquer ladite résolution, afin de faire taire à jamais le fallacieux argument justifiant la déstabilisation d’un pays souverain. Le retrait des troupes rwandaises étant la condition sine qua non pour la pacification du territoire congolais et la sécurité des pays frontaliers, il faudrait créer une Brigade d’intervention rapide non régionale en vue de la neutralisation, sous l’observation des forces armées congolaises, des éléments des FDLR encore présents dans le Kivu. Ces derniers devraient être renvoyés à Kigali dans l’optique d’un dialogue inter-rwandais, ou exilés par le Haut conseil des Nations Unies dans un pays non limitrophe du Rwanda.

jeudi 26 juin 2025

Est de la République Démocratique du Congo, qui paiera la facture ?


L’accord provisoire en vue de la fin des combats dans le Kivu et l’Ituri a été enfin signé à Washington le 27 juin par les ministres des Affaires étrangères du Rwanda et de la République Démocratique du Congo sous l’égide des États-Unis. Certes, ce projet comprend des « dispositions sur le respect de l’intégrité territoriale et l’interdiction des hostilités, le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques ». Qu’en serait-il, néanmoins, des actes relatifs aux violations graves des droits fondamentaux de la personne, ainsi qu’aux millions de vies humaines fauchées pour des raisons expansionnistes et mercantiles ? Il serait incompréhensible de faire abstraction des sanctions appropriées, s’agissant des crimes de guerre et crimes contre l’humanité cyniquement commis à l’encontre des populations congolaises.

Un conflit économique et foncier

La guerre, qui depuis une trentaine d’années déstabilise le Kivu et l’Ituri, tire son fondement des raisons d’ordre économique et foncier. Le cruel stratagème sur lequel elle s’appuie fait abstraction du respect des prérogatives d’un pays souverain, foulant ainsi aux pieds un bon nombre de rapports d’experts et résolutions onusiennes qui ont dénoncé et condamné l’agression dont est victime la RDC. Pis encore, le Rwanda et l’Ouganda comptent s’agrandir au détriment de leur grand voisin tandis que leurs soutiens non continentaux espèrent pouvoir continuer de faire main basse sur les minerais dont regorge le sous-sol congolais.

Les différents rapports et résolutions

La résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies adoptée à l’unanimité le 21 février 2025 recommande le retrait des forces rwandaises du territoire congolais et la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Quant à l’accord-cadre pour la paix, la sécurité pour la République Démocratique du Congo ratifié à Addis-Abeba le 24 mars 2013, il préconise dans son article 5 la non-ingérence dans les affaires intérieures des États voisins et recommande aucune tolérance ou soutien quelconque à des troupes armées. Enfin, publié en 2010, le projet Mapping du Haut Conseil des Nations Unies sur les violations des droits de l’Homme commises en territoire congolais entre 1993 et 2003 a relevé plus de 617 violences et crimes avérés.

Que faire ?

Face à la dramatique situation en cours dans l’Est de la RDC, les constats évoqués supra devraient en principe inciter à l’application de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi qu’à celle de l’article 5 de l’accord-cadre d’Addis-Abeba quant aux sanctions idoines. Primo, il faudrait exiger le retrait sans condition des troupes rwandaises du territoire congolais. Secundo, on devrait mettre en place une Brigade d’intervention rapide non régionale, sous l’observation des forces armées congolaises en vue de la neutralisation des éléments des FDLR – la finalité étant leur renvoi à Kigali ou dans un pays d’exil non frontalier du Rwanda.

La paix régionale

La politique militariste du président Kagamé n’augure guère une paix durable en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs africains. Par conséquent, il serait logique de démilitariser le Rwanda pour une durée d’une trentaine d’années en garantissant toutefois sa protection par une force interafricaine. Il faudrait prévoir aussi des élections démocratiques afin d’éviter des frustrations sociales. Comme moyen de dissuasion contre une possible intention belliqueuse, les auteurs des crimes de guerre et crimes contre l’humaine devraient faire l’objet des sanctions judiciaires par la cour internationale de justice et la cour pénale internationale. Enfin, les éléments de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) et du M23 devraient être concernés par le désarmement, la démobilisation et le cantonnement, les citoyens congolais devant relever des lois nationales et les étrangers dépendre des décisions de la justice transitionnelle dans le cadre d’une cour pénale pour la RDC.

Un Congo viable et vivable

Un vieux proverbe bantou recommande de confier son troupeau à un berger, quand bien même il bénéficie de la protection du bon Dieu. Le potentiel économique de la RDC, ayons à l’esprit ce paramètre, équivaut à 24 billions USD en gisements des métaux hautement stratégiques non encore explorés. Cet atout considérable devrait inciter Kinshasa à indexer sa monnaie sur la valeur des ressources naturelles en sa possession. La RDC devra ensuite conditionner tout échange commercial avec les pays industrialisés au transfert des techniques et des technologies. Enfin, pour se prémunir de toute agression extérieure, le pays devrait se doter d’une armée performante, d’une police et une gendarmerie citoyennes, d’une diplomatie intelligente et d’un service de renseignement à la pointe des enjeux relatifs à l’espionnage et au contre-espionnage.

vendredi 23 mai 2025

La République Démocratique du Congo, une tentative de recolonisation ?


Les traites des Noirs ont concerné le commerce d’esclaves noirs africains dans le cadre de la déportation de plusieurs millions de victimes durant près de treize siècles au cours des périodes de durée très différentes : la traite orientale ou arabe comme composante principale (17 millions de déportés sur 13 siècles), la traite intra-africaine (14 millions de déportés) et la traite atlantique ou occidentale ayant inclus le commerce triangulaire (12 millions de déportés, dont 90 % sur 110 ans principalement au XVIIIe siècle). Quant à la colonisation, elle a été matérialisée par l’occupation des terres étrangères pour des raisons économiques, politiques, militaires ou culturelles. Cela s’est effectué de diverses façons : l’occupation militaire d’un territoire, l’annexion pure et simple, l’immigration ordinaire, la logique de domination relevant de l’impérialisme.

Le rôle des pays africains

Au début des années 2000, le terme « minerais de conflit » a été utilisé pour la première fois afin de désigner et contrer le commerce illicite de minerais de grande valeur dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo. Ce commerce ne cesse d’être entretenu par le Rwanda et l’Ouganda, en finançant des groupes armés pour déstabiliser un pays souverain et s’approprier les ressources naturelles (étain, tantale, tungstène – les « 3T » –, ainsi que l’or), et de leur exportation à travers des chaînes d’approvisionnement bien rodées.
Soutenu par Kigali, le M23 a pris le contrôle des zones où est extraite la majeure partie du coltan congolais. En partenariat avec l’AFC, cette milice a consolidé son emprise sur le Kivu riche en ressources naturelles. Par la taxation et la contrebande de minerais, elle continue de tirer des profits substantiels de l’exploitation minière en territoire congolais. À titre d’illustration, les revenus mensuels du M23 provenant de l’extraction et du commerce de minerais de Rubaya sont estimés à plus 800 000 dollars américains. Les villes de Goma et de Bukavu, actuellement sous leur occupation, sont ainsi devenues des lieux stratégiques d’exportation et de transit des minerais. Ils occupent également Nyabibwe, une région riche en 3T.
Dans la province de l’Ituri, où sévit l’armée ougandaise, des groupes armés forment des alliances avec le M23 et l’armée ougandaise. Selon le Groupe d’experts des Nations Unies, ayant largement éclipsé les revenus tirés du commerce illicite des 3T, les groupes armés actifs dans cette région ont généré au moins 140 millions de dollars américains en 2024.

Le marché international

Les minéraux pillés par des groupes armés au profit du Rwanda et de l’Ouganda inondent depuis plus d’une vingtaine d’années le marché international. Ils trouvent preneurs auprès des entreprises basées hors du continent africain. De plus, de nombreux acteurs du secteur privé n’ont pas veillé à mettre en œuvre les mécanismes de diligence raisonnable dans leurs chaînes d’acquisition conformément aux normes préconisées par le Guide OCDE sur le devoir de diligence pour des chaînes d’approvisionnement responsables en minerais en provenance de zones de conflit ou à haut risque. Les entreprises ferment les yeux, en dépit des alertes contenues dans les rapports du Groupe d’experts des Nations Unies, ne s’interrogent pas sur l’origine de leurs achats. Ils préfèrent se rendre complices et se reposent aveuglément sur les mécanismes sectoriels, assumant le risque d’être qualifiés des receleurs.

La paix régionale

La dramatique situation en cours dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo représente donc, sous la forme d’un commerce sur la base du pillage, le remake de la traite des Noirs et de la colonisation des pays d’Afrique subsaharienne. Ce processus se développe par la vente des ressources naturelles congolaises à des clients occidentaux et orientaux. Quand bien même le progrès technologique dépend des ressources congolaises, cela ne justifie en aucun cas la poursuite de leur commerce au préjudice de vies humaines et de violations des droits de la personne. Dans une telle optique, dès lors que l’expansion territoriale constitue la motivation première du Rwanda et de l’Ouganda, l’approvisionnement en minerais lié aux groupes armés ne suffira pas à résoudre le conflit. Seule une solution régionale facilitera la paix dans la région des Grands Lacs africains, conformément à la Déclaration de Lusaka de 2010 prévoyant une action conjointe contre le commerce illicite des ressources naturelles et ses liens avec les conflits et l’insécurité. Cela étouffera dans l’œuf l’idée en gestation dans des officines étrangères, quant à la recolonisation en toute discrétion de quelques pays d’Afrique en vue de l’exploitation consentie des terres rares par des puissances occidentales et orientales.

lundi 21 avril 2025

Pour un Congo pluriel et indivisible


Une Déclaration d’un groupe de personnes rassemblées sous l’appellation Bloc Katangais, parue le 14 avril dernier dans les colonnes du quotidien La Libre Belgique, dénonce des violations des droits fondamentaux de la personne tout en encourageant implicitement le séparatisme. D’aucuns ne peuvent qu’être d’accord avec leur souhait relatif à l’intensification de la mobilisation nationale sous-tendue par l’article 64 de la Constitution congolaise, ainsi qu’à la défense « par tous les moyens des intérêts et des aspirations profondes des Katangais attentifs à l’intérêt général du Peuple Congolais ».

L’article 64

En République Démocratique du Congo, selon le premier alinéa de l’article 64 de la Loi fondamentale, « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions [constitutionnelles] ». Pour rappel, Félix-Antoine Tshisekedi a été démocratiquement élu, le résultat du scrutin ayant été solennellement proclamé par l’ancien président Conseil nation électorale indépendante (CENI) en la personne den Corneille Nangaa dirigeant désormais la milice Alliance du Fleuve Congo (AFC) qui, en connivence avec le M23, sème la mort et la désolation dans la région du Kivu avec le soutien du président rwandais Paul Kagamé, ainsi que du sénateur à vie et ancien président Joseph Kabila. Rappelons hic et nunc que, toute polémique mise à part, le magistrat suprême congolais a été réélu par la voie des urnes à l’issue de son premier mandat. Certes, le pays doit être dirigé au regard des dispositions constitutionnelles. Mais encore faudrait-il prouver que la gestion des affaires étatiques par le régime en place est absolument opposée aux Droits collectifs, s’agissant de la protection des droits et des intérêts légitimes des Congolais, de l’assurance et de la promotion de la coexistence pacifique et harmonieuse de tous les groupes ethniques du pays en conformité avec les articles 50 et 51.

Velléité de coup d’État ou de balkanisation

Les membres dudit Bloc ont instamment demandé aux seuls citoyens Katangais de faire preuve de fierté et de se lever, à l’image du récent rapprochement entre Joseph Kabila et le malheureux candidat à la dernière élection présidentielle nommé Moïse Katumbi dans l’intérêt de l’unique Katanga. Que dire, dès lors que le second alinéa de cet article 64 stipule que « Toute tentative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction imprescriptible contre la Nation et l’État » ? Loin d’affirmer la détermination à sauvegarder et à consolider l’indépendance chèrement acquise en 1960, ainsi que l’unité nationale dans le respect des diversités et des particularités positives, leur Déclaration constitue un appel non explicite soit au renversement du pouvoir en place à Kinshasa, soit à la balkanisation du pays par le décrochage de la région du Kivu au profit du Rwanda et du Katanga pour le bonheur du duo composé de Joseph Kabila et de Moïse Katumbi, voire la cession de l’Ituri au bénéfice de l’Ouganda. Par conséquent, cette annonce est passible d’une sanction « conformément à la loi » congolaise. Les Congolais doivent être plutôt mus, selon l’esprit du législateur, par la volonté commune de bâtir un État de droit et une Nation puissante et prospère, sur la base d’une « véritable démocratie politique, économique, sociale et culturelle ».

La cohésion nationale

Ce n’est pas parce que Moïse Tshombe et Albert Kalonji ont bu du verjus dans les années 1960, que les dents de leurs descendants doivent être forcément agacées. Au lieu d’emboîter le pas à ces deux anciens sécessionnistes, les Congolais doivent plutôt devenir les passeurs de demain. Les apprentis artificiers doivent donc arrêter de faire parler la poudre ou d’attiser le feu, pour ne pas embraser tout le pays. Ils devront patriotiquement servir de passerelles entre les différentes générations. C’est la seule façon d’œuvrer en vue d’une République Démocratique du Congo plurielle et indivisible, quand bien même beaucoup de choses doivent être réglées en interne. De plus, peu important les circonstances, rien au monde ne justifie la trahison de la Patrie.

samedi 7 décembre 2024

RD Congo : révision ou changement de la Constitution ?



Selon la plus grande majorité des membres de la mouvance présidentielle en République Démocratique du Congo, la Constitution du 18 février 2006, communément appelée Constitution de Liège, n’est pas souveraine puisqu’elle a été conçue à l’époque sous des pressions diverses des belligérants, du Rwanda, de l’Ouganda et des multinationales extracontinentales. Aux dires d'un bon nombre d'affidés de de l'Union Sacrée pour la Nation (USN), la Loi fondamentale étant de facto une Constitution de suspicion, c’est-à-dire provisoire, elle devrait tout simplement être remplacée.

Un no man’s land

Il est évident que l’implication indirecte des puissances étrangères dans la rédaction de la Constitution ayant été concoctée en Belgique selon les recommandations des accords de Sun City, finalisée en République Démocratique du Congo et adoptée par référendum le 18 février 2006 montre la volonté manifeste de s’ingérer – à court, moyen et long terme – dans les affaires intérieures d'un pays souverain. L'objectif avait consisté à rendre ce pays ingouvernable en inoculant dans ma Loi fondamentale tous les ingrédients susceptibles de faire de ce géant aux pieds d’argile un « no man’s land » et d’hypothéquer l’avenir de ses populations. La dépendance nationale était donc le premier leitmotiv en vue du pillage des ressources naturelles et, in fine, de la balkanisation du territoire congolais.

Quelques anomalies

La Constitution est par essence un texte qui fixe l’organisation et le fonctionnement d’un organisme, généralement d’un État. Elle définit plutôt les droits et les libertés des citoyens ainsi que l’organisation et les séparations du pouvoir politique. Elle précise l’articulation et le fonctionnement des différentes institutions qui composent l’État. Il est néanmoins évident qu’une Constitution n’est pas un fourre-tout. Or, il existe dans la Constitution congolaise des dispositifs qui relèvent des lois organiques et d’application. Il y a bien entendu un besoin réel de la faire évoluer. Encore faut-il que cela ne se fasse pas seulement pour les intérêts du pouvoir en place, ou d’un groupe d’individus.

Les modalités légales

Le législateur a prévu les modalités selon lesquelles la Loi fondamentale pourrait être modifiée. Il s’agit d’une procédure de révision soit pour corriger des imperfections, soit pour modifier des règles de fonctionnement du régime. Cette procédure est « souple » lorsqu’elle peut être révisée par les mêmes organes et selon les mêmes procédures servant à l’adoption des lois ordinaires. Cela permet d’adapter la Constitution aux circonstances sans formalisme excessif et sans blocage politique. Mais il faudra veiller à ce que le texte constitutionnel ne soit pas déstabilisé, ni modifié au gré des circonstances et des rapports de force, alors même qu’il a pour fonction de mettre en place un cadre institutionnel pouvant permettre de surmonter les crises politiques.

Un texte non figé

La Loi fondamentale n’étant pas un texte figé, tout en préservant les dispositifs verrouillés d’une éventuelle modification, la Constitution du 18 février 2006 devra être révisée dans le seul but de rétablir l’égalité effective de tous les Congolais au regard de la Loi, d’e d'harmoniser ses dispositifs, de reconnaître le caractère inaliénable de la nationalité congolaise d’origine et de renforcer l’aspect initial relatif au caractère impersonnel.
En revanche, en ayant prévu des dispositifs bloqués, notamment les articles 218, 219 et 220, le législateur a introduit la notion de l’inconstitutionnalité de tout acte qui ne tiendrait pas compte de cette interdiction. Seule l’abrogation de l’actuelle Constitution peut permettre de passer outre les dispositifs non révisables. On ne pourra y parvenir que par un coup d’Etat constitutionnel, ou par un référendum. Or, aucune révision constitutionnelle ne peut porter atteinte à l’intégrité du territoire, ni à la forme républicaine des institutions étatiques. En agissant au profit des intérêts personnels ou d’une quelconque nomenklatura, on fera perdre à la Constitution sa portée symbolique et sa suprématie au regard des autres textes juridiques.

jeudi 5 décembre 2024

Urgence d’une réforme constitutionnelle en RDC ?


En République Démocratique Congo, faisant fi de l’article 219 qui interdit une telle démarche « pendant l’état de guerre, l’état d’urgence ou l’état de siège », la majorité présidentielle souhaite réformer la Constitution approuvée par référendum en 2006 et révisée en 2011. Les arguments avancés à cet effet ont trait aux aspects politiques, financiers, économiques et sécuritaires.

Régression perpétuelle

On contribue sans cesse à l’anéantissement des efforts fournis depuis plusieurs périodes durant lesquelles la RDC a été astreinte à 53 ans d’un système politique dictatorial (1965-2018). Le pays a connu 15 ans de transition politique (1990-2005), plus de 27 ans des conflits armés ayant occasionné au moins 10 millions des morts parmi les populations civiles et vécu sans défense (depuis 1996). À ces maux il faut ajouter 3 ans de gestion consensuelle et de privatisation de la vie publique nationale par des seigneurs des guerres pourtant présumés auteurs des crimes imprescriptibles (2003-2006) et plus de 25 ans de présence de la plus grande, la plus importante et la plus budgétivore mission de maintien de la paix des Nations Unies (1999-2024).

Aspects politiques

La faillite administrative est la cause principale d’une crise économique sans précédent. Hormis l’exploitation illégale et le pillage des ressources naturelles, les exportations sont réduites en raison de l’insécurité, des difficultés d’accès et du délabrement général des infrastructures routières. Les Congolais, de l’avènement de Mobutu à la présidence de Tshisekedi, sont victimes de la faillite du sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs. Et les populations paient les frais du gangstérisme politique, du chevauchement et de l’empiétement dans la conduite de la chose publique, rappelant la dictature outrancière hier encore combattue par les acteurs aujourd’hui au pouvoir.

Le frein à l’émancipation populaire

Les multiples violations flagrantes, fréquentes et intentionnelles de la Constitution, notamment dans ses articles 213 et 214 relatifs aux traités et accords internationaux, ont transformé le chef de l’État en « homme-organe » dans le seul but d’honorer des accommodements contractés en secret. Force est de constater le fait d’avoir foulé aux pieds, dans un passé proche, la Constitution telle qu’approuvée par le peuple souverain en 2006 par référendum. La classe politique congolaise devrait en principe conforter les acquis des combats en vue de la libération et de l’émancipation du peuple congolais.

La vigilance patriotique

Pour éviter des actes graves de la part de l’exécutif, les parlementaires ne doivent pas rester indifférents, indépendamment de leur appartenance politique. En tant que souverain primaire, le peuple congolais doit aussi assumer ses responsabilités en dénonçant les manœuvres politiciennes de nature à hypothéquer son avenir. Ainsi revient-il aux populations congolaises d’exprimer, à l’issue d’un débat démocratique, si les dispositifs constitutionnels sont la cause principale des carences des infrastructures, de l’emploi, de l’éducation, de la santé, de la pénurie d’eau et d’électricité, ou de la mauvaise gouvernance, de l’insécurité à travers le territoire national ou de l’occupation de certaines collectivités par des puissances étrangères.

Le nœud du problème

Le nœud du problème qu’il faudra dénouer n’est pas tant la révision ou le changement de la Constitution, mais la bonne compréhension des fondements de la violence en RDC. Comment se fait-il que depuis l’indépendance le Congo a sans arrêt été victime d’instabilité orchestrée soit par le gouvernement central, soit par les acteurs régionaux et internationaux ? Au-delà de la difficulté du leadership à gouverner, l’appartenance à une communauté nationale existe seulement dans les esprits des Congolais, mais non dans les échanges quotidiens du fait de l’enclavement de plusieurs régions. Dans ces conditions, on ne peut impulser une dynamique unitaire qu’en développant les moyens de communication et les réseaux routiers. La mauvaise foi représente donc une variable d’ajustement pour conserver le pouvoir, l’appartenance ethnique étant souvent utilisée au détriment d’un projet politique. Parmi les raisons qui expliquent l’incapacité du pays à prendre en main son destin figurent l’absence de vision commune des leaders congolais et les différents conflits ethniques.

Le souverain primaire

Le président Tshisekedi a souhaité « laisser le libre débat entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre ». Effectivement, sur son intention de réformer la loi fondamentale, le dernier mot devrait revenir au peuple dans un pays de droit. Les règles démocratiques du jeu ne devraient pas être imposées. De plus, la Constitution congolaise ne prévoit pas de « changement » mais permet la possibilité d’une « révision ».

vendredi 12 janvier 2024

L’Écrivain, analyste politique et conférencier, Gaspard-Hubert Lonsi Koko commente les élections de décembre 2023 en RDC


Quel regard portez-vous sur les élections générales qui se sont tenues, le 20 décembre 2023, en RDC ?


Mon attention s’est surtout focalisée sur la non-consolidation de la CENI par une loi qui aurait dû définir clairement son champ d’action et ses partenaires institutionnels sans pour autant sombrer dans la mise sous tutelle. En effet, pour ne pas altérer son indépendance fonctionnelle, la CENI aurait dû dépendre du ministère de l’Intérieur que sur les plans financier et administratif et fonctionner en toute impartialité. Elle aurait dû fonctionner sur la base d’un contrat d’objectifs et de performance (COP) signé avec les ministères du Budget et de l’Intérieur.

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Propos recueillis par Robert Kongo

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