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jeudi 26 juin 2025

Est de la République Démocratique du Congo, qui paiera la facture ?


L’accord provisoire en vue de la fin des combats dans le Kivu et l’Ituri a été enfin signé à Washington le 27 juin par les ministres des Affaires étrangères du Rwanda et de la République Démocratique du Congo sous l’égide des États-Unis. Certes, ce projet comprend des « dispositions sur le respect de l’intégrité territoriale et l’interdiction des hostilités, le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques ». Qu’en serait-il, néanmoins, des actes relatifs aux violations graves des droits fondamentaux de la personne, ainsi qu’aux millions de vies humaines fauchées pour des raisons expansionnistes et mercantiles ? Il serait incompréhensible de faire abstraction des sanctions appropriées, s’agissant des crimes de guerre et crimes contre l’humanité cyniquement commis à l’encontre des populations congolaises.

Un conflit économique et foncier

La guerre, qui depuis une trentaine d’années déstabilise le Kivu et l’Ituri, tire son fondement des raisons d’ordre économique et foncier. Le cruel stratagème sur lequel elle s’appuie fait abstraction du respect des prérogatives d’un pays souverain, foulant ainsi aux pieds un bon nombre de rapports d’experts et résolutions onusiennes qui ont dénoncé et condamné l’agression dont est victime la RDC. Pis encore, le Rwanda et l’Ouganda comptent s’agrandir au détriment de leur grand voisin tandis que leurs soutiens non continentaux espèrent pouvoir continuer de faire main basse sur les minerais dont regorge le sous-sol congolais.

Les différents rapports et résolutions

La résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies adoptée à l’unanimité le 21 février 2025 recommande le retrait des forces rwandaises du territoire congolais et la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Quant à l’accord-cadre pour la paix, la sécurité pour la République Démocratique du Congo ratifié à Addis-Abeba le 24 mars 2013, il préconise dans son article 5 la non-ingérence dans les affaires intérieures des États voisins et recommande aucune tolérance ou soutien quelconque à des troupes armées. Enfin, publié en 2010, le projet Mapping du Haut Conseil des Nations Unies sur les violations des droits de l’Homme commises en territoire congolais entre 1993 et 2003 a relevé plus de 617 violences et crimes avérés.

Que faire ?

Face à la dramatique situation en cours dans l’Est de la RDC, les constats évoqués supra devraient en principe inciter à l’application de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi qu’à celle de l’article 5 de l’accord-cadre d’Addis-Abeba quant aux sanctions idoines. Primo, il faudrait exiger le retrait sans condition des troupes rwandaises du territoire congolais. Secundo, on devrait mettre en place une Brigade d’intervention rapide non régionale, sous l’observation des forces armées congolaises en vue de la neutralisation des éléments des FDLR – la finalité étant leur renvoi à Kigali ou dans un pays d’exil non frontalier du Rwanda.

La paix régionale

La politique militariste du président Kagamé n’augure guère une paix durable en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs africains. Par conséquent, il serait logique de démilitariser le Rwanda pour une durée d’une trentaine d’années en garantissant toutefois sa protection par une force interafricaine. Il faudrait prévoir aussi des élections démocratiques afin d’éviter des frustrations sociales. Comme moyen de dissuasion contre une possible intention belliqueuse, les auteurs des crimes de guerre et crimes contre l’humaine devraient faire l’objet des sanctions judiciaires par la cour internationale de justice et la cour pénale internationale. Enfin, les éléments de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) et du M23 devraient être concernés par le désarmement, la démobilisation et le cantonnement, les citoyens congolais devant relever des lois nationales et les étrangers dépendre des décisions de la justice transitionnelle dans le cadre d’une cour pénale pour la RDC.

Un Congo viable et vivable

Un vieux proverbe bantou recommande de confier son troupeau à un berger, quand bien même il bénéficie de la protection du bon Dieu. Le potentiel économique de la RDC, ayons à l’esprit ce paramètre, équivaut à 24 billions USD en gisements des métaux hautement stratégiques non encore explorés. Cet atout considérable devrait inciter Kinshasa à indexer sa monnaie sur la valeur des ressources naturelles en sa possession. La RDC devra ensuite conditionner tout échange commercial avec les pays industrialisés au transfert des techniques et des technologies. Enfin, pour se prémunir de toute agression extérieure, le pays devrait se doter d’une armée performante, d’une police et une gendarmerie citoyennes, d’une diplomatie intelligente et d’un service de renseignement à la pointe des enjeux relatifs à l’espionnage et au contre-espionnage.

vendredi 23 mai 2025

La République Démocratique du Congo, une tentative de recolonisation ?


Les traites des Noirs ont concerné le commerce d’esclaves noirs africains dans le cadre de la déportation de plusieurs millions de victimes durant près de treize siècles au cours des périodes de durée très différentes : la traite orientale ou arabe comme composante principale (17 millions de déportés sur 13 siècles), la traite intra-africaine (14 millions de déportés) et la traite atlantique ou occidentale ayant inclus le commerce triangulaire (12 millions de déportés, dont 90 % sur 110 ans principalement au XVIIIe siècle). Quant à la colonisation, elle a été matérialisée par l’occupation des terres étrangères pour des raisons économiques, politiques, militaires ou culturelles. Cela s’est effectué de diverses façons : l’occupation militaire d’un territoire, l’annexion pure et simple, l’immigration ordinaire, la logique de domination relevant de l’impérialisme.

Le rôle des pays africains

Au début des années 2000, le terme « minerais de conflit » a été utilisé pour la première fois afin de désigner et contrer le commerce illicite de minerais de grande valeur dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo. Ce commerce ne cesse d’être entretenu par le Rwanda et l’Ouganda, en finançant des groupes armés pour déstabiliser un pays souverain et s’approprier les ressources naturelles (étain, tantale, tungstène – les « 3T » –, ainsi que l’or), et de leur exportation à travers des chaînes d’approvisionnement bien rodées.
Soutenu par Kigali, le M23 a pris le contrôle des zones où est extraite la majeure partie du coltan congolais. En partenariat avec l’AFC, cette milice a consolidé son emprise sur le Kivu riche en ressources naturelles. Par la taxation et la contrebande de minerais, elle continue de tirer des profits substantiels de l’exploitation minière en territoire congolais. À titre d’illustration, les revenus mensuels du M23 provenant de l’extraction et du commerce de minerais de Rubaya sont estimés à plus 800 000 dollars américains. Les villes de Goma et de Bukavu, actuellement sous leur occupation, sont ainsi devenues des lieux stratégiques d’exportation et de transit des minerais. Ils occupent également Nyabibwe, une région riche en 3T.
Dans la province de l’Ituri, où sévit l’armée ougandaise, des groupes armés forment des alliances avec le M23 et l’armée ougandaise. Selon le Groupe d’experts des Nations Unies, ayant largement éclipsé les revenus tirés du commerce illicite des 3T, les groupes armés actifs dans cette région ont généré au moins 140 millions de dollars américains en 2024.

Le marché international

Les minéraux pillés par des groupes armés au profit du Rwanda et de l’Ouganda inondent depuis plus d’une vingtaine d’années le marché international. Ils trouvent preneurs auprès des entreprises basées hors du continent africain. De plus, de nombreux acteurs du secteur privé n’ont pas veillé à mettre en œuvre les mécanismes de diligence raisonnable dans leurs chaînes d’acquisition conformément aux normes préconisées par le Guide OCDE sur le devoir de diligence pour des chaînes d’approvisionnement responsables en minerais en provenance de zones de conflit ou à haut risque. Les entreprises ferment les yeux, en dépit des alertes contenues dans les rapports du Groupe d’experts des Nations Unies, ne s’interrogent pas sur l’origine de leurs achats. Ils préfèrent se rendre complices et se reposent aveuglément sur les mécanismes sectoriels, assumant le risque d’être qualifiés des receleurs.

La paix régionale

La dramatique situation en cours dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo représente donc, sous la forme d’un commerce sur la base du pillage, le remake de la traite des Noirs et de la colonisation des pays d’Afrique subsaharienne. Ce processus se développe par la vente des ressources naturelles congolaises à des clients occidentaux et orientaux. Quand bien même le progrès technologique dépend des ressources congolaises, cela ne justifie en aucun cas la poursuite de leur commerce au préjudice de vies humaines et de violations des droits de la personne. Dans une telle optique, dès lors que l’expansion territoriale constitue la motivation première du Rwanda et de l’Ouganda, l’approvisionnement en minerais lié aux groupes armés ne suffira pas à résoudre le conflit. Seule une solution régionale facilitera la paix dans la région des Grands Lacs africains, conformément à la Déclaration de Lusaka de 2010 prévoyant une action conjointe contre le commerce illicite des ressources naturelles et ses liens avec les conflits et l’insécurité. Cela étouffera dans l’œuf l’idée en gestation dans des officines étrangères, quant à la recolonisation en toute discrétion de quelques pays d’Afrique en vue de l’exploitation consentie des terres rares par des puissances occidentales et orientales.

lundi 21 avril 2025

Pour un Congo pluriel et indivisible


Une Déclaration d’un groupe de personnes rassemblées sous l’appellation Bloc Katangais, parue le 14 avril dernier dans les colonnes du quotidien La Libre Belgique, dénonce des violations des droits fondamentaux de la personne tout en encourageant implicitement le séparatisme. D’aucuns ne peuvent qu’être d’accord avec leur souhait relatif à l’intensification de la mobilisation nationale sous-tendue par l’article 64 de la Constitution congolaise, ainsi qu’à la défense « par tous les moyens des intérêts et des aspirations profondes des Katangais attentifs à l’intérêt général du Peuple Congolais ».

L’article 64

En République Démocratique du Congo, selon le premier alinéa de l’article 64 de la Loi fondamentale, « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions [constitutionnelles] ». Pour rappel, Félix-Antoine Tshisekedi a été démocratiquement élu, le résultat du scrutin ayant été solennellement proclamé par l’ancien président Conseil nation électorale indépendante (CENI) en la personne den Corneille Nangaa dirigeant désormais la milice Alliance du Fleuve Congo (AFC) qui, en connivence avec le M23, sème la mort et la désolation dans la région du Kivu avec le soutien du président rwandais Paul Kagamé, ainsi que du sénateur à vie et ancien président Joseph Kabila. Rappelons hic et nunc que, toute polémique mise à part, le magistrat suprême congolais a été réélu par la voie des urnes à l’issue de son premier mandat. Certes, le pays doit être dirigé au regard des dispositions constitutionnelles. Mais encore faudrait-il prouver que la gestion des affaires étatiques par le régime en place est absolument opposée aux Droits collectifs, s’agissant de la protection des droits et des intérêts légitimes des Congolais, de l’assurance et de la promotion de la coexistence pacifique et harmonieuse de tous les groupes ethniques du pays en conformité avec les articles 50 et 51.

Velléité de coup d’État ou de balkanisation

Les membres dudit Bloc ont instamment demandé aux seuls citoyens Katangais de faire preuve de fierté et de se lever, à l’image du récent rapprochement entre Joseph Kabila et le malheureux candidat à la dernière élection présidentielle nommé Moïse Katumbi dans l’intérêt de l’unique Katanga. Que dire, dès lors que le second alinéa de cet article 64 stipule que « Toute tentative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction imprescriptible contre la Nation et l’État » ? Loin d’affirmer la détermination à sauvegarder et à consolider l’indépendance chèrement acquise en 1960, ainsi que l’unité nationale dans le respect des diversités et des particularités positives, leur Déclaration constitue un appel non explicite soit au renversement du pouvoir en place à Kinshasa, soit à la balkanisation du pays par le décrochage de la région du Kivu au profit du Rwanda et du Katanga pour le bonheur du duo composé de Joseph Kabila et de Moïse Katumbi, voire la cession de l’Ituri au bénéfice de l’Ouganda. Par conséquent, cette annonce est passible d’une sanction « conformément à la loi » congolaise. Les Congolais doivent être plutôt mus, selon l’esprit du législateur, par la volonté commune de bâtir un État de droit et une Nation puissante et prospère, sur la base d’une « véritable démocratie politique, économique, sociale et culturelle ».

La cohésion nationale

Ce n’est pas parce que Moïse Tshombe et Albert Kalonji ont bu du verjus dans les années 1960, que les dents de leurs descendants doivent être forcément agacées. Au lieu d’emboîter le pas à ces deux anciens sécessionnistes, les Congolais doivent plutôt devenir les passeurs de demain. Les apprentis artificiers doivent donc arrêter de faire parler la poudre ou d’attiser le feu, pour ne pas embraser tout le pays. Ils devront patriotiquement servir de passerelles entre les différentes générations. C’est la seule façon d’œuvrer en vue d’une République Démocratique du Congo plurielle et indivisible, quand bien même beaucoup de choses doivent être réglées en interne. De plus, peu important les circonstances, rien au monde ne justifie la trahison de la Patrie.

samedi 15 mars 2025

La mort dans la bravoure et non la cession des terres ancestrales dans la lâcheté


En référence à l’histoire antique et aux guerres médiques, après avoir été pris sur leurs arrières à la suite d’une manœuvre de contournement par l’armée perse de Xerès Ier, la plupart des Grecs ont déserté le champ de bataille. Par conséquent, en dépit d’une infériorité numérique, 300 soldats spartiates commandés par le roi Léonidas Ier et 700 autres soldats sous les ordres de Démophilos de Thespies avaient décidé de protéger l’entrée du passage des Thermopyles donnant l’accès à la Grèce centrale le long de la mer Égée. Ils devaient donc combattre jusqu’au sacrifice pour laisser aux Grecs le temps d’organiser leur défense. De nos jours, l’histoire étant un éternel recommencement, un tel scénario est en cours d’écriture à l’aide du sang dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

Le symbole de la résistance congolaise

Après les drames occasionnés quelques années plus tôt par des criminels à l’instar de Laurent Nkunda, Bosco Ntaganda et toute la bande d’affreux des Grands Lacs africains, la partie orientale de la République Démocratique du Congo est à feu et à sang. Elle est livrée à la même occasion au pillage des ressources naturelles comme le coltan, l’or, le diamant... Mine de rien, l’occupation d’une partie de la région du Kivu par les éléments de l’armée rwandaise sous l’étiquette du Mouvement du 23 mars (M23) semble peu à peu éveiller le patriotisme congolais. Cette opération est en train de se transformer, au fil des jours, en un symbole de la résistance face aux envahisseurs. En effet, malgré la présence dans le territoire congolais des supplétifs du Rwanda à l’issue des prises des agglomérations de Walikale, Minembwe..., les populations locales tiennent à tout prix à sauvegarder leur souveraineté. De plus, les patriotes résistants étant devenus invisibles, le champ de bataille s’est élargi au-delà du simple affrontement classique entre groupes armés. Ces civils ont donc privilégié la résilience. Ne disposant pourtant d’aucun armement sophistiqué, contrairement aux ennemis, ils sont spirituellement motivés par la mémoire de leurs compatriotes morts pour la Patrie et par le souvenir du sang encore chaud des Congolais de souche injustement versé.

Des intrépides soldats de l’ombre

Envahir une terre étrangère est une chose, mais s’y maintenir longtemps en est une autre. La motivation n’est jamais la même selon que l’on défend la terre de ses aïeux, ou que l’on occupe un pays tiers. Les Français et les Belges, dont les sols avaient été confisqués par l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, en savent quelque chose. Comme jadis en France, intégrant un bon nombre de mouvements et réseaux clandestins, les résistants ont décidé de poursuivre la lutte contre l’Axe du mal et ses relais collaborationnistes sur le territoire congolais jusqu’à la Libération totale des régions du Kivu et de l’Ituri. Composés d’hommes et de femmes Wazalendo, d’éléments du groupe armé Makanika…, ces vaillants résistants estiment, à juste titre, illégitime sur leurs terres la présence des troupes étrangères non invitées. Ces soldats de l’ombre, qui sont défavorables à l’expansion territoriale du Rwanda, s’opposent de facto à la balkanisation de la République Démocratique du Congo.

La bravoure plutôt que la couardise

Que les envahisseurs aillent donc dire aux gouvernants rwandais, tel est à n’en pas douter le sens de l’ultime combat de ces combattants résistants, que les Congolais préfèrent la bravoure à la couardise, pis encore l’extermination à la cession de leur antre. De plus, en parallèle des actions conjointement menées par les troupes des Forces armées de la République Démocratique du Congo et des forces alliées, des citoyens congolais de tous horizons ont pris le maquis pour libérer les territoires occupés. Ils sont déterminés à en découdre, par une guerre à l’usure, avec les militaires rwandais sous la casquette du M23. En vainqueurs, dans un futur proche, ils s’afficheront avec patriotisme dans les rues de Goma et Bukavu, et celles d’autres contrées occupées. Ils porteront plus haut l’étendard de la dignité nationale…

La sécurité intérieure et la paix régionale

C’est seulement en restant unies par le sort et dans l’effort pour la souveraineté que les populations congolaises garderont la tête haute. Ce n’est que de cette façon qu’elles deviendront un peuple respecté et libre. Elles devront enfin dresser leurs fronts longtemps courbés par l’oppression et le mépris. Ainsi prendront-elles pour de bon le plus bel élan en vue de la sécurisation et de la grandeur du territoire national, ainsi que d’une paix durable dans la région des Grands Lacs africains. D’ailleurs, les gouvernants rwandais auraient tort d’avoir la mémoire aussi courte, la symbolique du rocher de Kamegeli devant en principe leur rappeler, d’une manière ou d’une autre, les conséquences d’une tyrannie.

lundi 3 février 2025

Combats à Goma, Gaspard-Hubert Lonsi Koko : « Un front patriotique contre les agresseurs s’impose »


En dépit des initiatives régionales engagées par la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADEC), les combats semblent se poursuivre pour le contrôle de Goma, la capitale du Nord-Kivu, entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. La ville, meurtrie et chaotique, paraît livrée à elle-même. Elle a basculé dans l’horreur. Interrogée par Robert Kongo, notre correspondant en France, Gaspard-Hubert Lonsi Koko, écrivain, analyste politique et conférencier, livre son avis sur cette actualité brûlante en République Démocratique du Congo (RDC).


Goma, la capitale du Nord-Kivu, est le théâtre ces derniers jours de combats entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 soutenus par les unités spéciales rwandaises. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?
L’occupation d’une partie de la ville de Goma par des éléments de l’armée rwandaise sous l’étiquette M23 constitue la preuve de la déstabilisation de la région du Kivu sur ordre des forces négatives à travers le Rwanda. L’intervention armée de Kigali, sans cesse niée par le président Kagame, devrait ôter à ses alliés tout argument contraire à une implication étrangère en territoire congolais. La guerre vient d’être officiellement déclarée par les agresseurs. Et un tel défi doit être relevé par la RDC soit militairement sur le terrain, soit diplomatiquement en vue d’une désescalade conditionnée au retrait des agresseurs.

Comment expliquez-vous que le M23 et ses alliés rwandais arrivent à gagner les territoires aussi vite ?
Il faudrait appréhender les succès militaires du M23 et de son principal allié sous un prisme extracontinental, le président Kagame n’étant qu’un cynique mercenaire à la tête d’un État voyou au service d’une minorité qui s’octroie le monopole de la communauté internationale. Cette guerre dure parce que les autorités congolaises font confiance à des partenaires non sincères. Ces derniers financent, entre-temps, le Rwanda qui exécute les sales besognes à leur place. De plus, la déstabilisation de la région du Kivu leur permet de faire main basse, par procuration, sur les immenses richesses de la RDC.

Le mercredi 29 janvier, le président de la République, Félix Tshisekedi, s’est exprimé sur la situation à Goma. Comment avez-vous apprécié son adresse à la nation ?
Beaucoup de compatriotes ont vu dans la prestation télévisée du président Tshisekedi un message d’espoir, tandis que d’autres sont restés indifférents. Le patriotisme voudrait pourtant que nous nous conformions à la recommandation du garant de l’intégrité territoriale qu’est le Chef de l’État. Une portion du pays étant occupée, nous devons dépasser les divergences internes en vue de l’unité nationale et de la sauvegarde de l’intégrité territoriale. Face à cet état de fait, un front patriotique contre les agresseurs s’impose. C’est pourquoi, l’appel à l’unité nationale lancée par le président Tshisekedi, aussi tardif soit-il, relève du bon sens. Le pays est militairement assailli, et ce n’est plus le moment d’attiser le feu. Ne pas répondre favorablement à cette incitation patriotique, c’est cautionné la balkanisation et la soumission des populations congolaises à une volonté extérieure. La souveraineté est inséparable de l’intangibilité territoriale. La patrie, nous devons la sentir à tout moment dans nos veines.

« Une riposte vigoureuse et coordonnée est en cours », a-t-il dit. Pensez-vous que les FARDC soient vraiment motivées à mener cette guerre ?
Il n’est donc pas du tout impossible de récupérer les territoires occupés par les assaillants, dès lors que le masque est enfin tombé. Nous avons seulement perdu une bataille, et non la guerre. Si nos forces armées ne passent pas à l’offensive, elles perdront la guerre et le pays sera démembré. Les FARDC sont contraintes de rester motivées. Elles ont besoin du soutien populaire, et le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour qu’elles montent davantage en puissance.

Selon vous, qu’est-ce qui explique la faiblesse des FARDC sur le plan militaire ?
Certains pensent que le programme DDR a fragilisé les structures des FARDC, puisque cela a permis l’infiltration, en son sein, des éléments favorables à l’expansionnisme rwandais au détriment de la RDC. La coexistence des criminels et des victimes dans notre armée ne pouvait qu’être contreproductive. Cela explique la connaissance par les agresseurs des positions et intentions des FARDC sur le champ des opérations. Cette mauvaise expérience devra inciter, à l’avenir, à une synthèse entre une armée de conscription et celle de métier.

Comprenez-vous que le président Tshisekedi ne se soit pas rendu à l’appel du président de la République du Kenya, président en exercice de l’East African Community (EAC), William Ruto, pour échanger sur la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC ?
Les avis sont partagés, s’agissant du refus du président Tshisekedi de se rendre à Nairobi. Rappelons que le bourreau de Kigali a récemment refusé de rencontrer son homologue congolais à Luanda dans le cadre des négociations supervisées par le président João Lourenço en vue de parvenir à la paix. Il a ensuite défié la communauté internationale, en poussant l’offensive jusqu’à Goma. Et, dans la foulée, on convoque manu militari le président congolais au Kenya pour lui imposer le dialogue avec le M23. Le refus du président Tshisekedi à l’initiative de son homologue William Ruto doit plutôt être interprété comme la volonté de faire face à l’agression dont est victime la RDC. Le fait de s’y rendre aurait été considéré comme un aveu d’impuissance. Non, il n’y aura pas d’armistice ni de capitulation. Nous avons le droit de nous défendre en contre-attaquant. La guerre finira, s’il le faut, d’où elle est partie. Ne sombrons pas dans la division. Ne trahissons jamais la patrie ! Que le drapeau ne tombe pas !

Peut-on chanter le requiem du processus de Luanda ?
Il y a une volonté manifeste de la part du Rwanda, de l’Ouganda et du Kenya de torpiller le processus de Luanda au profit de celui de Nairobi. L’heure n’étant plus au jeu de cache-cache sur le plan diplomatique, la RDC devrait quitter la Communauté d’Afrique de l’Est. Et, comme membre de la SADC, l’Angola devrait intervenir militairement aux côtés des FARDC et non continuer à endosser le rôle de l’arbitre non désiré. L’heure n’est plus au dogme du ni-ni.

Comment expliquez-vous la passivité de l’Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA) à ce sujet ?
Le receleur n’avait aucune raison de dénoncer les crimes commis par le gardien de ses intérêts dans la région des Grands Lacs africains. Maintenant qu’il n’y a plus anguille sous roche, on verra bien si l’Union européenne va changer ou maintenir son positionnement propre au statu quo. Quant à l’Union africaine, nul n’ignore son financement par l’institution européenne. Par conséquent, elle est à la botte de celle-ci. Il faudrait réfléchir sérieusement au renforcement du panafricanisme, voie salutaire pour un continent autonome.

Présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale de France, Marine Le Pen, exige la dissolution du mariage Rwanda –UE. Elle accuse l’Union européenne d’être le « receleur du pillage du Rwanda en RDC ». Qu’en pensez-vous ?
Il est difficile de mettre en cause les déclarations de madame Marine Le Pen. Elle sait forcément de quoi elle parle. Quand un poisson révèle ce qui se passe dans un cours d’eau, celui qui ne s’y aventure pas ne peut que l’écouter et prendre ses dispositions. Cela peut par exemple se traduire, en guise de prévention salvatrice, par la sortie de la RDC de la Francophonie, l’adhésion aux BRICS ou le développement du partenariat Sud-Sud.

Comment interprétez-vous l’inquiétude qui gagne la ville de Kinshasa avec le saccage des Ambassades occidentales et africaines pour cibles ?
Sans cautionner la violence et au-delà de la peur de l’avancée du Rwanda par l’entremise du M23, on peut expliquer cette attitude comme une pression exercée sur la communauté internationale pour l’inciter à se ranger du côté des justes. La réaction des Kinois, me semble-t-il, constitue une adresse à l’égard des décideurs internationaux. C’est une façon de montrer au monde entier, à une petite échelle, les prémices de la violence que pourront connaître l’Afrique centrale et celle de l’Est, si jamais le Rwanda persiste à se maintenir sur le sol congolais.

Les « sanctions ciblées » exigées par la RDC contre le Rwanda devant le Conseil de sécurité de l’ONU seraient-elles efficaces pour stopper l’agression dont le pays est victime de la part du Rwanda ?
Dès lors que le dessous des cartes est connu, les commanditaires ne peuvent plus continuer de s’abriter derrière la mauvaise foi. Le bénéfice du doute, argument sans cesse évoqué pour maintenir le statu quo, ne profite plus au Rwanda. Le fait de prendre des sanctions contre les autorités rwandaises et de décider le retrait immédiat des éléments du M23 et du FPR permettra enfin, espère-t-on, au Conseil de sécurité des Nations unies de contribuer à la pacification de la région des Grands Lacs africains. Cela dépendra donc de la nature des sanctions qui devront frapper aussi les entreprises concernées par les minerais de sang. Les Congolais ne pardonneront pas tant que les auteurs des crimes de guerre et crimes contre l’Humanité ne seront condamnés soit par un Tribunal pénal international, soit à l’issue d’une justice transitionnelle. La paix régionale ne sera pas garantie sans la démilitarisation du Rwanda.

D’après-vous, comment sortir de cette crise sécuritaire dans l’Est de la RDC qui dure depuis 30 ans ?
La balle est dans le camp de la classe politique et des forces vives de la RDC. L’unité nationale ne s’obtiendra pas par l’exclusion des Congolais d’origine du fait de la détention d’une citoyenneté étrangère, ni d’ailleurs par le tribalisme dans les institutions étatiques, encore moins par le tripatouillage de la Constitution dans l’optique d’un pouvoir à vie. Pour sortir de l’insécurité qui risque d’hypothéquer l’existence de notre pays, nous devons nous doter d’une armée performante et patriotique, d’une police et d’une gendarmerie républicaines, d’une classe politique à la hauteur des défis en cours et au service d’un peuple réellement souverain.

Propos recueillis par Robert Kongo (CP)

© EcoNews

vendredi 31 mai 2024

La guerre des dupes dans la région des Grands Lacs africains


Depuis plus d’une vingtaine d’années, se déroule une drôle de guerre dans la région des Grands Lacs africains. Celle-ci oppose la République Démocratique du Congo à la coalition militaire rwando-ougandaise. Le bilan est très lourd du côté congolais : des millions de morts, des milliers de personnes déplacées et de femmes violées, le pillage des ressources naturelles… À qui profite réellement la déstabilisation de la RDC ? Quels sont les dessous des cartes, à propos de la stratégie consistant à se servir sur la bête ?

Des États mercenaires

Quelles sont les raisons les raisons de la présence de l’armée rwandaise dans le Kivu sous l’étiquette du M23, et de l’armée ougandaise dans l’Ituri pour traquer les supposés rebelles des ADF ? Il faudrait s’intéresser à la face cachée de l’iceberg pour cerner les motivations des agresseurs de la RDC. Depuis l’administration Clinton, l’Ouganda et le Rwanda sont devenus des bras armés des États-Unis en Afrique de l’Est. La transformation de ces deux pays en États mercenaires a d’abord permis l’éjection de la France du sol congolais, qui plus est un fief francophone, ensuite l’obtention du quitus en vue de l’appropriation à moindres frais des minerais stratégiques dont regorgent l’Ituri et le Kivu. Les produits du pillage sont écoulés à travers le monde au profit des receleurs composés d’entreprises basées en Occident, ainsi que dans des États d’Asie et du Moyen-Orient.

Des visées expansionnistes

Derrière la sale besogne qu’effectuent le Rwanda et l’Ouganda en RDC se cache en réalité des projets communs et divergents. Outre le fait de déstabiliser le territoire congolais pour satisfaire la demande extracontinentale, les pays agresseurs espèrent s’agrandir au détriment de leur grand voisin, le Rwanda ayant la ferme intention d’annexer le Kivu et le Maniema, tandis que l’Ouganda envisage de faire main basse sur l’Ituri. Ainsi manœuvrent-ils à l’insu de leurs parrains. Pour justifier l’agression contre la RDC, nombreux sont les prétextes évoqués : menace des FDLR et des ADF contre les régimes rwandais et ougandais, lutte contre le soi-disant plan d’extermination des populations rwandophones par Kinshasa, les frontières tronquées par l’ancienne puissance colonisatrice... Cela laisse supposer que, dans un cas comme dans l’autre, le conflit armé dans l’Est de la RDC relève du foncier. Par ailleurs, des pays régionaux préfèrent curieusement un grand voisin aux pieds d’argile à une puissance géostratégique pouvant servir de point d’appui au développement économique de l’Afrique.

La volonté manifeste du statu quo

Les affrontements armés dans la partie orientale de la RDC s’apparentent à de la mascarade dès lors que les belligérants bénéficient des mêmes soutiens militaires et diplomatiques. Dans l’absolu, à partir du moment où ils trouvent leur compte à travers cette guerre des dupes et bénéficient des sous-traitants à cet effet, les alliés non continentaux qui sont d’ailleurs les mêmes pour la RDC, l’Ouganda et le Rwanda n’auront aucun intérêt à ce que la situation évolue. Dans cette optique, pour continuer à avoir accès aux mines d’or à ciel ouvert, ils se satisferont de la faiblesse du pays agressé. A contrario, ils n’accepteront pas son démembrement au profit des sous-traitants soucieux de leur propre confort économique et géostratégique. Tant que la situation dans l’Est du Congo restera inchangée, les marionnettistes ne cesseront de tirer les ficelles et les pantins continueront de s’articuler en vue du spectacle macabre et contre-productif. In fine, la démographie régionale en pâtira longtemps et les trois pays belligérants consacreront le gros de leurs budgets à l’effort de guerre et non à leur développement. Ainsi la guerre des dupes souhaitées par les puissances de nos jours hégémoniques ôtera-t-elle, pendant au moins un demi-siècle, à l’Afrique la possibilité de jouer, sur un pied d’égalité, sa partition en vue d’un monde juste et équilibré.

Éviter les deux écueils

La RDC parviendra-t-elle à pacifier, dans un tel contexte, son territoire déstabilisé à dessein par quelques-uns de ses voisins manipulés de l’extérieur du continent ? Comment sortir indemne des écueils qui, tels Charybde et Scylla, matérialisent l’étau qui menace sa souveraineté ? Le gouvernement congolais, diplomatiquement et militairement soutenu par les partenaires de ses agresseurs, parviendra-t-il à enrayer le plan du puissant conglomérat des pilleurs et des receleurs ? Dans l’affirmative, s’imposera dans le délai le plus court possible un véritable changement d’alliances de toutes parts. Dans la négative, il faudra envisager d’autres partenariats pour faire face à l’agression. Kinshasa doit vite résoudre cette kafkaïenne équation aux multiples finalités, au risque de contenter, impuissante, de la dramatique situation aux conséquences à la fois nationales, régionales et continentales.

mardi 12 mars 2024

Le Congo-Kinshasa, un pays au cœur de la nouvelle géopolitique planétaire ?



Ces derniers temps, après un long silence notamment de la communauté internationale par rapport à la dramatique situation en cours dans la région du Kivu et dans l’Ituri, plusieurs voix commencent enfin à se faire entendre en vue de la pacification de la République Démocratique du Congo. Certes, encore timidement. Le gouvernement congolais doit-il forcément compter sur les puissances étrangères, s’agissant de la sécurisation et de la pacification de la partie orientale de son territoire ? Quelques facteurs doivent sans conteste être pris en compte, quant aux enjeux planétaires qui, aux dessous des cartes, se jouent cyniquement sur l’échiquier congolais.

La souveraineté nationale

Rappelons hic et nunc le traditionnel principe politique faisant du peuple le détenteur du pouvoir suprême d’une nation ou d’un État, la légitimité des gouvernants et des institutions étatiques n’étant que la matérialisation du consentement des citoyens. Ainsi est-ce une erreur fatale de croire qu’une force militaire venue d’ailleurs peut mieux assurer la défense du territoire congolais. Quand bien même l’on ne peut faire abstraction du contexte croissant de mondialisation, les défis auxquels est confrontée la République Démocratique du Congo ne peuvent être surmontés que par des décisions politiques nationales au regard des facteurs externes. Par conséquent, pragmatisme obligeant, les relations bilatérales ou multilatérales ne peuvent être nouées, ou maintenues, que sur la base de la fiabilité du partenariat existant ou en devenir. Avec neuf frontières étatiques, pour la survie de l’unité nationale, le gouvernement congolais doit de toute évidence doter son pays d’une armée performante et patriotique, a fortiori dissuasive, ainsi que d’une intelligente politique des affaires étrangères. L’armée nationale congolaise doit se transformer, de facto, en bras armé de la diplomatie. La mutualisation des forces régionales ne doit être que complémentaire, notamment dans le cadre des accords de non-agression et d’assistance mutuelle en cas de déstabilisation extrarégionale. Par ailleurs, entre autres dispositifs, une politique monétaire basée sur l’alignement du franc congolais sur les ressources naturelles ne peut qu’être salutaire s’agissant du commerce extérieur.

Le double jeu de la communauté internationale

Les populations congolaises doivent être les premières gardiennes de leur souveraine, même si le patriotisme ne doit nullement exclure les partenariats régionaux dans le cadre des unions douanières et de politique de libre-échange au vu de la circulation des biens et des personnes, de la construction des infrastructures transnationales… Les relations économiques et diplomatiques ne doivent en aucun cas se nouer au détriment de la vision interne. Le peuple congolais doit toujours avoir à l’esprit les néfastes conséquences de l’opération Turquoise depuis 1994 et le double jeu de certaines puissances non continentales dans leur soutien au pays agresseur qu’est principalement le Rwanda, ainsi que le soutien à Laurent-Désiré Kabila contre le régime mobutiste par des forces non congolaises en vue de la prise du pouvoir en 1997. En essayant par tous les moyens de parvenir à la déstabilisation de la République Démocratique du Congo, certains États receleurs de la région des Grands Lacs africains, voire mercenaires ou voyous, ne cessent de contribuer à l’affaiblissement de tout un continent. Et, au moment où tout est entrepris pour que le Grand Congo ne s’éveille surtout pas, l’Union africaine a tout à fait tort de s’inscrire sur la liste des abonnés absents. De plus, d’autres puissances non continentales tentent désespérément de résoudre l’équation congolaise, à plusieurs inconnues, au gré de leurs seuls intérêts.

Le panafricanisme

Mouvement et idéologie politiques en vue de l’indépendance totale du continent africain, le panafricanisme encourage la pratique de la solidarité entre les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers dans le monde, indépendamment de leurs origines ethniques, leurs appartenances religieuses, ou leurs apparences physiques. Dans cette optique, outre la consolidation du franc congolais, une vision panafricaniste relative à la mise en place d’une monnaie unique à usage continental facilitera les échanges commerciaux entre les pays d’Afrique. Ainsi, compte tenu de sa position géostratégique au cœur de l’Afrique, la République Démocratique du Congo peut enfin servir, et ce ne sont pas les atouts qui lui manquent, de locomotive du point dans le nouveau rapport de force planétaire. Tout n’est que question de volonté de la part des acteurs politiques et économiques congolais, en particulier, et, en général, de leurs homologues africains.

jeudi 19 octobre 2023

Mais quelle crédibilité pour les Nations Unies au Kivu ?

Conseil d’insécurité pour les faibles, ou syndicat des nations les plus puissantes ? En tout cas, beaucoup de rapports de l’Organisation des Nations Unies sont catégoriques. Les crimes commis dans la région du Kivu, en présence des mili­taires de la Monusco, pourraient officiellement constituer une assise solide en vue des poursuites devant la Cour pénale internationale (CPI).
La déstabilisation de la partie orientale de la République Démocratique du Congo relèverait-elle d’une guerre économique, que l’on ne souhaiterait surtout pas assumer publique­ment ? S’agirait-il d’une sorte de recolonisation que l’on n’oserait pas reconnaître comme telle ? Le colonialisme serait-il de retour, sous d’autres aspects et dans des habits tout neufs ? Serait-il tout simplement question d’occupation ? Est-on en train d’assister, s’agissant de l’exploitation des enfants dans les mines du Kivu et des violences sexuelles, à une nouvelle forme d’esclavage ? Dans l’affirmative, pourrait-on évoquer l’irresponsabilité des Congolais, en particulier, et la complicité des Africains, en général, au même titre que celles de quelques-uns de leurs aînés durant la traite négrière ?
La tentative de balkanisation de la République Démocratique du Congo ne pour­rait qu’inciter plus d’un observateur à s’interroger sérieusement sur le véritable rôle, voire l’efficacité, des troupes onusiennes dans la région des Grands Lacs africains. Pour éviter la transformation du Kivu et de l’Ituri en une zone de non-droit, où tout le monde pourrait se procurer les minerais de sang à moindres frais, l’autorité de l’État congolais devrait être rétablie dans le plus court délai sur l’ensemble du territoire national.

Titre : Mais quelle crédibilité pour les Nations Unies au Kivu ?
Auteur : Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Éditeur : L’Atelier de l’Égrégore
Pagination : 268
Poids : 281 g
Prix : 20,10 € + 5,00 € (frais d'envoi)